Histoire :
EDEN V. 1.0
† naissance †
" Oh! Blessed would be that warning, My child, thy sleep adorning, For I know that the angels are whispering with thee."
- Angel's Whisper
: Vatican :: Q.G de l’Opus Dei :
Par les immenses baies vitrées l’on observe. Protégés des morsures du froid et des cris d’agonie que poussent les hommes sur toute la planète, par delà les frontières, par delà les mers. On regarde des pétales de glace tourbillonner, se jouer de la gravité, lentement descendre des Cieux pour venir se poser et former un horizon blanc irisé qui semble s’étendre à perte de vue. A voir ces joyaux tombés de Ses mains, ces diamants étoilés aussi fragiles que les vies sont vaines, l’on se demande depuis combien de temps ce miracle n’avait été ici bas accordé. Mais l’allégresse bien vite mute en une farouche haine, car une autre question naît ainsi…
… comment ont-ils osé apprendre à voler ?: Europe :: Ruines d’une ancienne cité :
Il existe encore des fous sur cette Terre pour penser qu’il vaut mieux la misère en liberté qu’entre les murailles qui obstruent l’horizon autour de la Cité-Etat. Sont-ils si fous que cela ? Rêvent-ils encore qu’un jour viendra où ils se réveilleront de ce cauchemar créé par la main de l’homme ? Pensent-ils pouvoir remonter le temps et reconstruire ?
… Ils refusent de franchir les portes gigantesques de la Prison-Etat. Mais pour voir quoi ?La Mort. La Douleur. Maladie et Misère, voilà leur quotidien. Plus que quiconque, eux qui voulaient la Liberté se trouvent enchaînés et forcés de se débattre pour respirer dans la poussière et l’air pollué ; l’atmosphère saturée.
… la Peste Noire. Elle est de retour la Faucheuse invisible, impalpable mais indéniable fléau. Châtiment divin ? Nul ne le sait, nul ne songe même à s’interroger. On meurt à petit feu, dévoré de l’intérieur jusqu’à ce que la peau noircisse, se craquelle et se fende, que le pus suppure des plaies comme du petit lait. Et le cœur ? Malgré tout, malgré cela on parvient encore à s’aimer. A enfanter.
… Berceau de Saleté.
Dans un boyau aux pavés noircis par le temps et rongés par l’acidité des pluies, les flocons tombent aussi sur deux corps peu à peu ensevelis. Approchez vous, vous verrez mieux. Ils ne sont pas deux, non, ils sont trois. La peau bleuie et transie de froid, encore accrochée au cordon ombilical, s’agite brièvement une petite forme. Sa tête est coiffée de cheveux couleur jais, ses yeux immenses ouverts sur le ciel au dessus d’elle ont la teinte que les légendes donnent à la voûte céleste de jadis. D’avant l’Enfer descendu sur Terre par la faute de l’homme et de sa vanité. Elle va mourir si aucune bénédiction ne s'étend sur elle. Le froid et la neige prendront son souffle telle une main désincarnée. Cela vaudrait peut-être mieux que l’avenir sur ces terres désolées. Mais inlassablement, opiniâtrement, elle s’obstine…
… à respirer.
ENFER V. 1.0
† enfance †
"Destruction cometh; and they shall seek peace, and there shall be none."
- Ezekiel 7:25
: Vatican :: Q.G de l’Opus Dei :
Lyall. Seigneur, ce qu’elle est obstinée ! Elle refuse d’être appelée par un autre nom. Celui-ci fait si peu chrétien, tellement… païen. Quelle insolence, si jeune et déjà insubordonnée ! Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle a survécu. La Sœur se souvient l’avoir trouvée encore attachée à la matrice, se débattant dans les restes poisseux du liquide amniotique au sol étalé et du placenta à demi arraché. Elle se rappelle aussi avoir sectionné le cordon avec ses dents, ne portant sur elle ni couteau ni autre arme susceptible de blesser, comme le voulait la tradition.
… Puis l’avoir emmitouflée dans sa robe et emmenée. Sauvée.Quelques années sont passées depuis ce jour enneigé, où le froid gelait vos os jusqu’au travers des vêtements les plus épais. Onze années très exactement. La petite a grandit dans la chaleur du foyer chrétien. Entourée par les Sœurs et d’autres orphelins, elle paraissait pourtant préférer la solitude et les livres de la grande bibliothèque que déjà elle dévorais quand d’autres passaient leur temps en jeux insouciants. Se souvenait-elle que dans la vie rien n’est acquis, qu’il faut lutter pour s’élever, qu’il faut abnégation et volonté pour ne pas succomber ? Est-ce sa pénible naissance qui aurait gravé telle loi en son jeune esprit ? Toujours est-il que sauvage et difficile à apprivoiser, l’oisillon demeurait de longues heures en solitaire, dans le silence de la bibliothèque, entre Savoir et Mémoire.
… Mais l’innocence, toujours trouvera sa fin.Cette même année, la môme et sa voix d’Ange servaient les Messes aux côtés de quelques uns de ses camarades d’infortune. Ce fût elle la plus à plaindre, bien que personne n’en saurait jamais rien avant qu’un long temps ne se voit écoulé dans le grand sablier.
Le Cardinal. Ventripotent, dégoulinant de graisse et de luxure ; Dégoûtant, suintant le Mal et le Péché. Les pires salauds se parent souvent des atours les plus blancs. Drapé dans sa robe pourpre à l’aube immaculée, l’innocence d’un enfant périssait jour après jour entre ses mains aux doigts potelés. Ils carressaient sa chair, fouillaient son intimité. L’Enfer ? Ce n’était décidément rien à côté de ce qu’il lui infligeait.
… Si la Foi en Dieu, en les Saintes Ecritures elle avait pu trouver, en ces lieux même elle fut assassinée.
EDEN V. 2.0
† adolescence †
"Fear thou not . . . I will strengthen thee. . . I will help thee."
- Isaiah 41:10
: Vatican :: Q.G de l’Opus Dei :
Combien d’années, paraissant décennies, avait-elle passé à se haïr ? Cinq longues et atroces années, rythmées par le chant funeste de sa culpabilité qui n’avait pourtant pas lieu d’être. Cinq interminables et abominables années durant lesquelles chaque nuit, après avoir du supporter la vue de cet immonde pourceau la journée, l’acolyte se réveillait en sursaut, trempée et frigorifiée, assaillie jusque dans le repos nocturne par les cauchemars qu’il habitait.
… Hantée. Un spectre. L’enfant à la nature secrète était devenue complètement renfermée, toute flamme de gaieté avec quitté le gris de ses prunelles qui ne luisaient plus que lorsque des larmes elles versaient.
… Eveil. Réveil.
Qui était-il ? Quel était son nom ? Aucune importance. Rien ne se trouverai changé si vous l’appreniez. Sachez seulement qu’il était blond, qu’il l’a trouvée belle cette môme de seize ans, gracile et docile, cette fille d’Adam au regard délavé. Quand ses yeux à elle les siens ont croisés, quelque chose s’est animé ; le Feu derrière leur façade s’est rallumé. L’Amour ? Si vous lui posez la question, elle vous dira que oui. Mais qu’en sait-elle vraiment au fond ? Elle qu’on avait trompée à peine cajolée et amadouée. Peut-être n’étais ce que l’Espoir qu’elle recherchait et nomma faussement du nom de ce sentiment que tous cherchent à fuir ou à dompter. Un an durant, chastement, ils se fréquentèrent. Le soupirant devenait impatient. La belle jouait avec ses nerfs, car déjà la Bête en elle grondait. Déjà l’Ombre du Péché revenait dans ses ténèbres l’enserrer. Si peu de Lumière t’a été accordée, pauvre petite fille par la Fortune abandonnée.
… Je me donnerai à toi, mais avant, il y a quelque chose que tu DOIS faire pour moi.
ENFER V. 2.0
† péché originel †
"Thou was slain, and has redeemed us to God by thy blood."
-Revelation 5:9
: Vatican :: Q.G de l’Opus Dei :
Heureux sont les simples d’esprit. Comme cette maxime semble risible si l’on tente de l’appliquer aux amoureux transis. L’écervelé ; mené aussi facilement qu’un âne à qui l’on agite devant le nez la carotte pour le faire avancer ; n’opposa pas le plus petit argument une fois le plan exposé. Le garde tuerait sa sainteté le Cardinal. Tout. Tout ce qu’elle voudrait. Tout pourvu qu’elle le demande et accepte en contre partie de se donner.
… Ophidia... Ne vois tu pas que de toi - la Femme, ce sublime serpent - un Caïn elle fera ?Non il ne voyait pas. Il ne voyait rien. Aveuglé par la beauté de la jeunesse, saoulé par les hormones qui déferlaient dans son sang à chaque fois qu’il l’approchait. Ivre d’amour, de désir… et de stupidité. Lacère sa chair, ouvre son ventre et laisse en s’écouler les boyaux. Je veux l’entendre hurler. Je veux l’entendre pleurer. Je veux le voir agoniser. Tout, tu me raconteras tout car je ne peux pas l’approcher aussi près que toi. Je ne peux pas me dévoiler. Mais tu sais, n’est-ce pas, tu sais que tu seras récompensé. Voilà ce qu’elle avait dit, ce qu’elle lui avait murmuré après et avant un baiser, la belle, la cruelle Ophidia.
… Et la main de l’homme prit la vie de son Frère. Le Péché du sacrifié dans le sang est lave, venant souiller celui qui l’a racheté, ainsi que l’Âme de celle qui l’attendait.
EDEN V. 3.0
† rédemption †
"And you will know the truth, and the truth will make you free."
-John 8:32
: Vatican :: Q.G de l’Opus Dei :
Une enquête avait été diligentée. Enfin, une enquête... Le terme est fort pour en fait un interrogatoire succinct de l’assassin qui demeura muet, refusant de donner son mobile. Il n’avait pas eu à avouer ; on l’avait trouvé penché sur le cadavre affreusement mutilé, hébété, réalisant à peine quel geste il avait commit… Et pour quelle folie. Puis on l’avait enfermé et enfin exécuté.
… Plus personne ne pourrait parler. Le serpent pouvait enfin muer.
Le poids de la culpabilité lui semblait différent, tellement plus léger à porter maintenant qu’il ne venait plus la hanter, ce gros bedonnant au regard libidineux ; faussement pieu et généreux. Si la Foi en Dieu et en l’homme n’était plus revenue depuis l’enfance apporter la paix en son sein, la jeune femme feignait d’en être habitée, possédée plus qu’aucune autre aspirante de la congrégation. Heureuse toute en retenue, lumineuse et assidue, elle passa une part une les étapes de l’initiation, prononçant des vœux qu’en secret elle parjurait aussi tôt, mais payant volontairement en offrant sa vie cette offense à leur Dieu. En s’enchaînant à Lui, en promettant de Le servir, la meurtrière par procuration espérait racheter sur cette Terre et au moins dans cette vie si l’Eternité aux cieux lui était refusé, le poids de son innommable péché.
… Pourtant, pourtant, Vous m’y avez forcée.ENFER V. 3.0
† absolution ? †
"Blessed are the Peacemakers, for they shall be called the sons of God."
- Matthew 5:9
: Cathédrale Saint-Jonas :: Catacombes :
Elle les entends ergoter, rire et s’enflammer, les
Pacifer. Avides de sang et de batailles. Leurs cris résonnent comme les grondements de la Bête avant que l’Agneau ne brise le sceau et que les Cavaliers, les fléaux ne soient lâchés sur Terre. Pour la gloire de Dieu et par Sa colère. L’Exécutrice ferme les yeux, se concentre sur son souffle pour rassembler ses pensées. Combien de temps une fois encore, combien de temps se sont écoulés ? Il lui semble pouvoir entendre chaque grain, chaque seconde de ces années passées tomber dans le grand sablier. Chanter en s’écoulant le long du verre incurvé de ses parois qui emprisonnent sa vie.
… Va mon Enfant, purifie le Monde de leur étrangeté. Ils ont osé me défier, tu dois Me venger.Quand bien même Dieu en personne serait descendu lui confier cette mission, aurait crié ces mots à son oreille, elle n’en aurait rien cru. Mais pour eux, pour ces hommes qui lui ont été donnés et dont les vies se balancent au gré des mouvements de ses mains, petites, toutes petites pièces sur l’immense échiquier, pour eux elle le feindra. Car il faut bien poursuivre sur la voie de la Rédemption, en mener d’autres avec soi et triompher, pour espérer l’Absolution. Se laver dans le sang une fois de plus.
… Et plus il sera innocent, plus il te purifiera mon Enfant.
Qu’ont-ils fait après tout ? Les Shameals, les Ankhelis. Et ses étranges Chikamis ? Sont-ils pires que les autres hommes ? Non, juste plus audacieux peut-être, plus Libres que les serfs qui tremblent et se battent sous la bannière de l’Eglise. Est-ce cela la Vérité ? Ou est-ce qu’ils doivent être annihilés ? Peu importe. Elle les traquera jusqu’au dernier. Elle l’a juré. Ne pas faillir à la mission donnée. Cette fois-ci…
… Ne pas flancher.