"L'homme est un loup pour l'homme"

[Priorité à Calista, puis ouvert aux désireux capables de trouver une bonne raison d'être là]

Le soleil ne brillait gère en ce début d'après midi, il est d'ailleurs certain que les lourds nuages qui surplombent la ville ne présageaient rien de bon. Heureusement pour lui, le jeune Desavres n'avait pas l'intention d'attendre patiemment dehors que tout se déverse pitoyablement sur la tète de ceux qui ne pouvaient trouver d'abris, fut-il simplement provisoire. Le PDG n'était sur cette place que par intérêt, non pas le sien, mais celui de sa société, et sachez qu'il est bien rare de le voir descendre de sa tour d'Ivoire pour autre chose que pour son propre intérêt. Cependant, ce mois sonne le glas de sa convalescence, il est de nouveau libre de ses actes, enfin vient le terme de ces longs mois passés enfermés sur un lit d'hôpital, et la première chose qu'il désirait faire : C'était tout reprendre en Main. Après tout, il est la tète de cette entreprise !




C'était là la raison de la présence de l'homme ici. Bien évidement, il avait tout fait pour passer inaperçue, il était habillé d'un cache col beige surmonté d'une veste d'une matière ressemblant étrangement au cuir, sans en être, le tout surmontant un pantalon en toile et des chaussures dont le prix dépassait largement celui de toutes les pièces du costume que le PDG arborait alors. Mais le résultat était frappant, avec une longue mèche de cheveux couvrant son oeil droit, Avatar n'était ni plus ni moins qu'un jeune adulte aux traits d'adolescents encore marqués, et son garde du corps n'était pas plus visible... D'ailleurs, le Président n'avait aucune idée de l'endroit où son Obligé se trouvait, s'il n'avait pas été là Avatar ne l'aurait pas plus remarqué -non qu'il ne prête pas attention à lui, mais l'homme est doué, il a été choisit pour cela.

Il y a trop de monde, beaucoup trop, je déteste ça. Et tout ce chahut sur cette place, digne représentante de toute la vulgarité humaine, perchée au milieu du vide, accrochée par ses lianes d'acier à des points invisibles depuis son centre. Nous aurions put faire plus agréable, nous le devrions, mais ce n'est pas à nous que serait confiée la réfection de cet endroit, malheureusement... Mais, peut-être pourrions-nous nous l'octroyer. Et puis, qu'elle importance, tous ces déchets n'en feraient rien de mieux même si la place était à l'image du Monolithe, cette merveille, berceau de l'Hy-X. Tous ces gens ignorent tellement de choses... Ils arborent fièrement nos Magitechs, ils ne savent même pas qu'elles les tuerons.

Loin d'être perdu dans son monologue intérieur, Avatar cherchait du regard celle qui était, aujourd'hui, son objectif. Un objectif sûrement spécial pour qu'il daigne se déplacer, lui qui est d'ordinaire reclus dans sa tour, sauf quand il en sort pour rencontrer d'autres personnes de haut rang, ce serait presque un affront pour lui que de fouler ce sol... Presque, car son besoin de connaissance le forçait à vouloir connaitre les raisons premières de cette opposition de l'Isak à Hybride X, la Nabis en subirait les frais... Croyant sûrement rencontrer un futur fanatique zélé de la cause qu'elle soutient. D’ailleurs, une voix féminine perçait la foule, assez, du moins, pour qu’on s’intéresse à ses propos… C’était elle, ne restait plus qu’à la trouver.
Et il se mêlait à la foule avec la plus grande élégance. Et il disparaissait entre les obèses bourrés de cholestérol et les anorexiques hyper vitaminées. Et il se fondait dans la masse, parmi ceux dont on connaissait le physique mais dont on ignorait le mental. Parmi ceux capables de grossir bientôt les rangs des Shameals, des Ankhelis...

L'homme est si facile à berner.

(Etant donné qu'il est écrit, je le poste, libre à toi de répondre ou non, mais dit moi tout de même ton choix par mp ^^)

La Place En'Gezoh, place principale d'Espyr, représentait un point de passage obligé pour bon nombre des habitants de la ville, et à ce sens, c'était une mine pour quiconque cherchait à toucher du monde. Elle présentait malheureusement l'inconvénient de son avantage : beaucoup de fréquentations impliquait une haute surveillance de la Police de la ville, qui voyait d'un mauvais œil l'activité des Nabis en ce lieu. Ce qui nuisait à l'Hy-X faisait tache sur Espyr, et peu importait que la nuisance fut de l'ordre d'un moucheron se collant sur un visage.

Les "Prophètes de l'Isäk" prenaient garde à éviter les garants de l'ordre, ceux-ci ayant tendance à les arrêter au moindre prétexte. A défaut d'avoir un décret concernant le fait d'importuner les passants, les Nabis étaient régulièrement accusés de harcèlement (l'accusation de diffamation était désormais évitée pour ne pas pousser l'Isäk à avancer des preuves de ce qu'ils évoquaient).

Calista venait ici tous les vendredis après-midi. Sa présence régulière faisait qu'elle était connue des services de police mais aussi de ceux qui circulaient ici à cette période de la journée, souvent les mêmes d'une semaine à l'autre. Certains la saluaient brièvement, beaucoup l'ignoraient. Ce jour, elle abordait les passants avec une étude toute récente sur la diminution de l'espérance de vie et de la santé mentale selon le Magitech implanté. Il n'était pas question des Chikamis, du moins pas directement. L'Isäk hésitaient encore à rendre public leur existence et le danger qu'ils représentaient. Les gens ne sont pas toujours prêts à entendre ce genre de vérités. En attendant, les Nabis se contentaient d'évoquer une mort précoce ou une aliénation, en se basant sur des données récoltées par des études sur des cobayes volontaires de l'Isäk, ainsi que – et c'était la grande nouveauté – une étude plutôt complète réalisée par l'Hy-X elle-même, et ramenée par un de leurs scientifiques qui venaient tout juste de changer de camp (motivé, semblait-il, par le contenu du document).

Calista avait donc aujourd'hui l'immense satisfaction de distribuer un prospectus contenant des données chiffrées précises (vous seriez surpris de savoir combien les gens aiment les chiffres) et enfin significatives.

Elle interpellait les passants de sa voix claire, et c'était les mots "Magitechs", "dangereux" et "Hy-X" qui avaient sonné à l'oreille du puissant PDG, lui laissant penser – à jute titre – qu'elle était proche de lui.

Si proche désormais qu'elle avisa un homme, de dos, qui semblait moins pressé que les autres de rejoindre son point d'arrivée. Attendait-il quelqu'un ? Peu importait, les flâneurs étaient de bons clients, souvent enclins à se laisser tenter par une discussion avec une jeune femme souriante au physique plutôt avenant (on compense son manque d'expérience comme on peut). Le détaillant rapidement, elle nota la tenue simple et moyenne, réhaussée par une imitation plutôt réussie de chaussures de luxe. Comment pouvait-elle être sûre qu'il s'agissait d'une contrefaçon ? Ce genre d'accessoires ne se trouvaient pas en magasin, ils étaient uniquement disponibles auprès du créateur lui-même, et vous pouvez être certains que leurs propriétaires ne se baladeraient pas au milieu du petit peuple d'Espyr, surtout à l'heure de pointe. Bref, ce garçon semblait être du genre à vouloir ce qui se fait de mieux, sans en avoir toujours les moyens. Calista était presque sûre qu'il possédait un certain nombre de Magitechs, et si ce n'était pas le cas, il devait certainement économiser pour s'en faire implanter. Il était parfait.

Elle posa une main sur le bras d'Avatar pour attirer son attention dans la foule et s'adressant à lui :

" Bonjour Monsieur. Excusez-moi de vous déranger, je présente une étude sur la dangerosité des Magitechs, réalisée en collaboration avec l'Hy-X, le plus grand producteur, et l'Isäk, qui fait des recherches approfondies sur la question et met au point des Magitechs sécurisés du point de vue de la santé humaine... Peut-être seriez-vous intéressé, si vous-mêmes ou des proches en possédaient ..? "

Tout commence, à moi de jouer maintenant.

Une main venait de se poser sur l'épaule du PDG. Celui-ci devait jouer un rôle qui était loin d'être définit, les réactions, les façons d'agir, de parler, tout était entrain de se mettre en place dans l'esprit calculateur du jeune Président qui commit là sa première erreur : il ne sursauta pas lorsque la main se posa sur lui. Il réagit comme si il s'y était attendu -ce qui, bien sur, était le cas- ne restait plus donc qu'à espérer que ceci passe inaperçue aux yeux de la jeune femme, ou qu'elle n'y accorde nulle attention, car sinon tout se terminait là.
Le discours qui suivit cet acte était des plus intéressant, comme ça l'Hy-X aurait collaboré avec l'Isak pour que ces derniers la descendent en flèche ? Enfin, tentant de le faire, tout du moins, ce qui est déjà un bien trop grand affront. A l'entende de cette nouvelle "réjouissante", Avatar aurait bien esquissé un sourire, mais un jeune homme se rendant à son travail en passant par cette place n'avait nulle raison de sourire à l'écoute de ces quelques phrases, ainsi dut-il se retenir en faisant volte face.

Sa mèche eut alors une bien drôle réaction, elle se souleva assez, dans le mouvement, pour laisser entrevoir la Magitech qui ornait l'oeil droit du dirigeant. Un imprévu dont Avatar ne pouvait se réjouir, il devrait désormais faire avec le fait que son interlocutrice avait de grande chance d'avoir vue cette masse métallique remplaçant son oeil... Mais l'explication la plus rationnelle n'était pas celle qui disait que seul le PDG de l'Hy-X possédait une telle Magitech... D'ailleurs, rien ne prouvait que cela eut été une Magitech, il était probable que ça ne passe que pour un vulgaire dispositif servant à remplacer l'oeil perdu d'un jeune homme... Oui, c'est de cette hypothèse que l'homme userait, c'était décidé avant même qu'il ne prononce un mot.
Avant de parler, il devait voir ce qu'était ce dossier, voir ce qu'il disait... Et il ne s'attendait pas à ce qu'il trouva. Il connaissait ce prospectus ! Un rapport qu'il avait étudié il y a quelques semaines. Le rapport d'un scientifique de l'Hy-X,qu'Avatar s'était arrangé pour réorganisé de façon à ce que les chiffres ne discréditent plus l'entreprise, mais apparemment ce prospectus là prenait pour source l'original ! Ce n'était pas de la propagande, ils se servent de chiffres véritables... Un problème qu'il faudrait régler rapidement, et la première mesure serait de trouver l'auteur de ce document.

"Je... Heuu..."

L'effet de surprise est dur à jouer, avec un papier d'une telle importance entre les mains, et aucune réaction avant ces deux mots. Mais, c'était peut-être toujours plus crédible que de ne rien dire... Peut-être... Enfin, le personnage qu'Avatar jouait devait rapidement se reprendre, afin de garder la jeune femme sous contrôle, et de lui soutirer le maximum d'informations possibles...
Il ne parvenait pas à retirer ses yeux du papier, il aurait d'ailleurs aimer le brûler, si ça avait eu le moindre impacte sur ce coup bas de l'Isak -si il lui est permit de parler ainsi...- il dut pourtant s'y résoudre, il voulait graver dans sa mémoire le visage de celle qui distribuait ces choses, et c'est ce qu'il fit, en lui parlant, tandis que sa Magitech étaient un peu plus visible encore.

"Ce chiffres, ils sont vrais... Mademoiselle ? Parce que j'ai de la famille... Et... Moi même... C'était la seule façon de sauver mon oeil..."

Oui, enfin, l'oeil était sauf lorsqu'il a été retiré de sa tète pour qu'on y implante la Magitech. Il jouait bien, presque aussi pathétique que tous les autres, peut-être restait-il un peu d'humain en lui.

"Vous pensez qu'il y aurait un moyen ?... Et, vous pourriez m'expliquer pourquoi ? Où est leur intérêt d'agir ainsi, de nous vendre des choses qui nous tueront. Je... Ne veux pas vous croire... Ca voudrait dire qu'on est tous condamnés... Ce serait terrible... Après avoir détruit notre planète, nous nous détruirions nous-même... Pourquoi !"

Cette petite scène avait attirée les regards, deux, peut-être trois passants s'étaient arrêtés en entendant les petites divagations du PDG. Juste assez pour que la jeune femme s'attarde sur leur cas. D'ailleurs, parmi eux, il y avait le garde du corps du Président qui s'était approché un peu plus quand son boss a été touché par celle qu'il "chassait". Il fallait l'avouer, il était efficace, même si la jeune femme aurait put tuer son patron une bonne dizaine de fois pendant le temps qui lui avait été donné... Si tant elle qu'elle eut été mise au courrant de la réelle identité de son interlocuteur, chose des moins probables tant le PDG était peu connu, même dans son entreprise. Il n'est pas un homme aimant les foules, c'est un avantage aujourd'hui.

Cependant, il ne fallait pas non plus trop attirer l'attention, il était toujours probable qu'une personne soit capable de le reconnaître malgré cet accoutrement. Il était toujours possible que tout tombe à l'eau. Mais il ne fallait pas que ce soit le cas, l'Hy-X avait besoin de connaitre son principal ennemi afin de mieux le détruire, car lui la connaissait déjà trop bien. C'était un avantage tactique non négligeable pour l'Isak que de voire la plupart de ses membres provenir directement des rangs de l'Hybrid-X. Cependant, réciproquement, il était ainsi plus facile à l'Hy-X de connaitre ses ennemis, les six anciens bras droit du président figurant en haut de la liste noire. Il serait facile de savoir qui était l'auteur de cette thèse, et une fois remonté jusqu'à lui : de le faire disparaître. L'Isak donne à l'Hy-X le fouet pour la battre.

"Je ne veux pas vous croire !... Ca impliquerait beaucoup trop de choses... Mademoiselle... Désolé."

La principale arme de Calista était sa capacité à observer discrètement son environnement, et notamment les gens qu'elle abordait. Avec cet homme qui lui faisait face, elle sentit instinctivement que quelque chose clochait, mais il lui fallut du temps avant de comprendre quoi.

Elle avait déjà approché du monde de la même façon que cet homme, et les réactions avaient été diverses. Elle faisait surtout attention au regard de son interlocuteur, et à l'expression de son visage, ce qui lui permettait de déterminer si elle pouvait continuer ou pas. Les gens se montraient parfois surpris, voire inquiets (certains ne supportaient pas le contact d'un inconnu dans une foule), agacés, agressifs, curieux... Ce qui l'étonna le plus avec Avatar fut son manque total de réaction. Le visage froid et fermé ne bougea pas en se tournant vers elle, ne laissa filtrer aucun sentiment. Pourtant, cela ne l'inquiéta pas outre mesure, certains individus ont tellement de sang-froid qu'ils restent imperturbables en toute circonstance.

Elle continua à l'observer quand il prit le prospectus qu'elle lui tendait. Il semblait bien plus qu'intéressé, presque subjugué.

Puis vinrent les questionnements angoissés de l'homme. Il jouait bien, en effet. C'est pour cela que la jeune fille mit un peu de temps à réaliser que ce qui la gênait n'étaient pas tant ces réactions séparément que le fait qu'elles se suivent, chez une seule et même personne.

Son regard fut attiré par l'oeil d'Avatar lorsque celui-ci l'évoqua, et elle se sentit troublée l'espace d'un bref instant. Elle ne put s'empêcher de penser au PDG de l'Hy-X, qui possédait au même endroit du corps un Magitech, lui aussi. Une merveille de technologie, à ce qui se disait parmi les scientifiques et chirurgiens, dont beaucoup en avaient entendu parler sans avoir d'informations précises dessus. Qu'il puisse s'agir de la même personne, cela était évidemment impossible. De plus, c'était elle qui avait abordé cet inconnu et pas l'inverse. C'était cette pensée d'ailleurs qui compensait ce malaise qu'elle ressentait face à lui.

Les lamentations du jeune homme attirèrent l'attention de quelques passants qui s'arrêtèrent les regarder. Elle photographia instinctivement leurs visages. Ses capacités de physionnomiste lui servaient surtout à savoir à qui elle avait déjà parlé de quoi, et comment la personne avait réagi. Mine de rien, elle possédait une bonne mémoire pour ce genre de choses. Ravie d'avoir ce nouveau public, elle allait répondre quand l'homme se rétracta.

Citation :

"Je ne veux pas vous croire !... Ca impliquerait beaucoup trop de choses... Mademoiselle... Désolé."

" Ces chiffres proviennent des laboratoires de l'Hy-X. Pour fréquenter des scientifiques et des médecins de là-bas, je peux vous assurer que c'est du sérieux. Ils sont très doués dans leur domaine."

Elle en profita pour glisser un prospectus aux passants qui s'étaient arrêtés et n'étaient pas encore repartis.

" L'Hy-X n'est pas une oeuvre de charité. Vendre des choses qui vous tueront n'est pas son but, son but est de faire du profit, tout simplement. "

Ce qui revenait au même, en l'occurence, mais si elle se laissait aller à donner le fond de ses pensées concernant cette entreprise, elle risquait de s'emporter, et devenir agressive n'aidait pas à convaincre les gens.

Elle eut un petit rire sans joie.

" Je ne vois pas en quoi c'est extraordinaire, on n'a vu que ça dans l'histoire de l'humanité. Regardez les... cigarettes par exemple, ou plus proche de nous les Rot Brüllend [disons qu'il s'agissait d'une boisson énergisante qui fut interdite quelques années auparavant car jugée toxique ^^]... Après c'est à vous de voir le prix que vous attachez à votre vie. "

L'un de ceux qui l'écoutaient s'apprêtant à repartir, elle s'adressa à lui, avec son plus charmant sourire.

" Vous trouverez sur le papier un numéro pour me contacter si vous désirez des informations supplémentaires. Si vous aviez envie de faire quelque chose pour le bien de l'humanité... ou juste pour vous. "

[Rot Brüllend, tient, ça me fait penser à quelque chose... Sûrement rien de volontaire ]

Les méthodes sont bonnes, et assez basse pour que j'en eut été moi même l'instigateur, dans d'autres circonstances. Pourtant l'étude de la manière de manipuler reste à désirer... A moins que les gens qui m'entourent soient des abrutis finis...

... Ces actions est très gênantes.

"... Maintenant, à choisir entre mon oeil et ma vie, je ne sais pas trop ce que je devrais préférer... Ces chiffres sont certains ?... Je pourrais en mourir si je m'avançais à garder cette boite en métal à la place de mon oeil droit ?..."

D'abord les réactions, seulement après viendront les vraies questions.

Il était amusant pour le PDG de voir le zèle de la Nabis. A peine les passants fussent-ils arrêtés qu'ils avaient déjà entre les mains les papiers que celle-ci délivrait. Dommage, dans une autre perspective, peut-être cette jeune femme -et les autres Nabis- auraient fait de bons chargés de propagande pour l'Hy-X, bien que ses objectifs soient moins louables que ceux de l'Isak.
Mais, tout ce remue-ménage délivré par les allés retours de la jeune femme permettaient à Avatar de jeter un coup d'oeil discret à son garde du corps qui, comme l'espérait son patron, n'était pas bien loin. Il fallait qu'une personne extérieur s'invite un instant dans la conversation : il était désigné volontaire d'office. L'Obligé était habillé comme un financier, ou peut-être un banquier, il avait choisit un personnage voulant se donner bonne figure, mais n'en ayant pas les moyens. Son costume trois-pièces était mal coupé, trop long pour un homme déjà plutôt imposant, ses lunettes avaient un verre fissuré -le droit, bien évidement- et ses mains, qui tenaient déjà le prospectus, semblaient trembler un peu. Stresse apparent, non, ou plutôt si, mais pas celui du garde du corps : celui de son personnage. Les deux hommes étaient parfaits dans leurs rôles. D'ailleurs, le portable du plus grand vibra, c'était un ancien modèle, il avait au moins six ans, il l'ouvrit et lut le message reçu. En fermant le petit engin bourré d'électronique, il releva les yeux et s'approcha de la jeune femme distribuant ses papiers tout en disant bonjour à tors et à travers.

"Et... Pourquoi... Pourquoi l'Hy-X collaborerait avec vous, si vous tentez ainsi de la discréditer ?"

J'avais raison, c'est tout de suite plus crédible si je ne le demande pas moi-même.
Le sms qui avait soudain éveillé la curiosité de l'inconnu provenait bel et bien de son patron. Mais allez savoir si c'est l'un des nombreux avantage de sa Magitech que d'être en liaison permanente avec tous ceux que son porteur le désir, ou si ce message provenait tout simplement du portable dudit porteur, actionné par sa main aisément dissimulée dans l'une des poches de son pantalon et dont le mouvement sur les touches de l'appareil serait des plus dur à capter de l'extérieur.

"Mais, la Demoiselle à dit être sure de ses chiffres. Alors, qu'ils viennent ou non de l'Hy-X, quelle est l'importance ?... Dans tous les cas je vais peut-être en mourir... Et beaucoup de gens aussi."

Beaucoup d'idiots usant et abusant du cadeau que ma famille leur fait, sans se préoccuper de l'endroit d'où provient l'énergie qu'ils utilisent. Et c'est moi la bête ?

Ce dialogue entre le patron et son homme de main devait asseoir le rôle du premier cité, il était nécessaire, mais il ne devait durer trop longtemps, il devait déjà être suffisamment louche sans que la durée trop importante ne vienne alimenter d'autre soupçons, peut-être ne faudrait-il pas trop tenter le destin.
Et puis, de toute façon, Avatar avait beau répondre à son Gardien, il ne lui avait pas adressé plus qu'un rapide regard, il avait dicté sa dernière phrase en n'ayant d'yeux que pour la Nabis : ces personnes ne devaient pas être nombreuses, étant donné les problèmes que doit leur causer la police -et surtout l'Hy-X- alors la connaissance d'une peut entraîner la perte de Tous, c'était un avantage indéniable, l'Hybrid-X se devait d'en profiter, par le biais de son actuel propriétaire. D'ailleurs, elle donnait encore une fois à Avatar une avance non négligeable : son numéros de Téléphone servirait à remonter jusqu'à elle. C'est sans doute la raison qui poussa le PDG à plier délicatement le prospectus avant de le glisser dans une poche intérieur de sa veste, là où on ne risquait pas de le lui dérober. Quand à son Protecteur dévoué, il disparut progressivement, sans vraiment attendre une réponse complète de la part de la jeune femme, laissant derrière lui le prospectus qu'on lui avait donné, afin de faire croire qu'il n'avait été convaincu... Heureusement, il ne disparut pas bien loin, gardant ainsi son boss du coin de l'oeil.

"Et, d'où viendrait ce danger ?... Les Magitechs, c'est la Technologie... Il n'y a rien de dangereux tant que l'on en abuse pas... Normalement... J'espère, en tout cas... Parce qu'une autre opération pour me retirer celle-ci pourrait bien être aussi dangereuse que de la garder jusqu'à ce qu'elle me tue, ou non, en fonction du bon vouloir du hasard... Je voudrais savoir pourquoi, il doit bien y avoir une raison contre laquelle ont peut se battre, qu'est-ce qui nous tue ?"

Règle N°1 désormais : Agir de façon à la déstabiliser, attendre qu'elle dévoile ses sources, enregistrer toute la discussion, tous les contactes qu'elle pourrait avoir, et tout faire pour qu'elle se trahisse, d'une façon ou d'un autre. Bon plant.

"Et, l'Isak dont vous avez parlé... Que... Qu'est-ce qui nous dit que ses Magitechs sont vraiment différentes ? Si ça se trouve c'est juste un moyen pour vous de faire concurrence, en vendant plus et plus cher que l'Hy-X... Pourquoi l'Isak serait différent ?"

Et, s'il te plait, ne me dit pas qu'elle a pour dirigeants des anciens Bras Droits de l'Hy-X, ça me serait totalement inutile... Fait donc venir des noms, ou des lieux dont je pourrais tirer bénéfice...

Certes, Avatar savait bien faire les yeux -l'oeil ?- de chien battu aujourd'hui, mais ce ne serait peut-être pas suffisant, surtout si lesdits yeux se voulaient également déterminés. Jusqu'alors, la jeune femme ne s'occupait pas assez de lui, mais ça changerait sûrement si elle voyait un probable futur Nabis... Enfin, il fallait bien dire qu'il espérait ne pas avoir à en arriver là, question de principes.

[un pur hasard, oui ^^ Mais si j'avais dû chercher plus loin, on en avait pour la semaine ]
[Par contre, au niveau du téléphone, je vois ça tout de même comme quelque chose un minimum sécurisé, ou au moins un minimum tordu à remonter... sinon les flics l'aurait déjà récupérée, vu qu'elle donne des papiers à tout le monde, et que le fait de permettre aux gens de revenir vers elle ne date pas d'hier ]


La jeune fille ne vit rien du manège du PDG et de son gorille, trop occupée à accorder son attention aux quelques personnes autour. Elle allait se tourner vers le type qui lui parlait de la collaboration entre les frères ennemis qu'étaient l'Hy-X et l'Isäk quand son premier interlocuteur fit une remarque qui la fit s'arrêter un instant sur lui, se demandant s'il se fichait d'elle ou pas. Le voilà qui passait aussi sec du scepticisme à "si elle le dit, c'est que c'est vrai" ? Devant l'air pourtant sincère du jeune homme, elle lui accorda le bénéfice du doute...

" Les chiffres viennent de chez eux, mais nous ne collaborons pas ensemble. L'Hy-X ne publiera jamais cette étude, évidemment. Malheureusement pour eux, et heureusement pour nous, certains de leurs chirurgiens se considèrent encore comme des médecins avant d'être des marchands de viande, et dans ce cas, ils ont tendance à changer de camp. "

L'imposant personnage haussa les épaules et s'éloigna avant même qu'elle ait fini. Calista pinça les lèvres puis passa aussitôt à autre chose. Le jeune homme commençait enfin à entrer dans le vif du sujet quand l'attention de Calista fut attirée par deux formes un peu plus loin qui se frayaient – sans aucune difficulté car on les laissait passer – un passage dans la foule et venaient vers eux.

*Merde.*

Il était grand temps de changer de coin, elle n'allait pas tarder à recevoir de la visite. Elle glissa prestement ce qu'elle tenait dans son sac. Ses gestes n’étaient pas nerveux, paniquer ne servait à rien, et puis elle avait l’habitude. L’essentiel était juste de ne pas perdre de temps.

" Vous avez des ennuis avec la police, Mademoiselle ? "

Celui qui lui avait posé cette question sur un ton suspicieux avait suivi le mouvement des yeux de la jeune fille.

" Mr Desavres a de nombreux amis, qui aiment lui faire plaisir. En aidant à faire disparaitre la concurrence, par exemple. Nous avons d’excellents avocats à l’Isäk mais j’aime autant… éviter ce genre de tracasseries."

A ces mots, l'homme eut un mouvement de recul, son regard inquiet se posa sur les silhouettes qui se rapprochaient et il disparut dans la foule sans demander son reste. Une femme qui écoutait aussi les paroles de la Nabis reprit elle aussi son chemin. Ne restait plus que le premier, qui ne semblait pas plus que ça disposé à s'évaporer.

" Ecoutez… Peut-être que nous pouvons continuer cette discussion autour d’un verre ? Je connais un bar sympa pas très loin. Si vous avez un peu de temps et que vous pouvez me suivre… "

Elle ne s’attarda pas à attendre sa réponse. Mieux valait perdre un potentiel adepte que de se laisser prendre. Ce qu’elle avait dit concernant les avocats étaient juste, encore fallait-il qu’ils soient prévenus. Et un accident était si vite arrivé dans les commissariats de nos jours…

Elle se fondit souplement dans la foule, jouant des coudes pour s’éloigner au plus vite.

[Ne t'en fais pas pour le téléphone, je ne le voyait pas autrement malgré mes écrits ^^]

Je ne pouvais tout de même pas trop espérer qu'on me délivrât sur un plateau d'argent le nom de ceux à dissuader de vouloir me trahir ainsi que de ceux qui me forceraient à les punir pour ce même fait. Pourtant cela m'aurait évité bien du travail. J'ai autre chose à faire que me pencher sur les agissements de quelques Lambdas ayant décidés de ne pas suivre la masse, pour une raison ou pour une autre -je sais très bien que les motivations de mes employés sont aussi diverses que leurs noms-, je déteste que quelques marginaux me posent tant de problèmes.

"Pourtant vous avez dit que cette étude était une collaboration... Enfin bref... Quelque chose ne va pas ?"

Bien sur, l'homme se doutait bien de la raison d'une telle modification du comportement de la jeune femme. Elle venait de ranger dans un geste des moins subtils tous les documents la compromettant dans son sac, tout en fixant quelque chose qui se trouvait derrière le PDG et pour lequel il ne prit même pas la peine de se retourner. Et puis, de toute façon, une tierce personne vint apporter la confirmation qu'il manquait. C'était bien la police... Enfin, tout du moins l'institution contrôlée par l'Hy-X en sous-main qu'était devenues les forces de l'ordre. Et puis, la jeune femme semblait avoir déjà eut à faire avec eux, c'était une information à prendre en compte. D'excellents avocats ? C'est surtout que ces teignes de Nabis étaient très dure à prendre la main dans le sac, et les forces de polices ne pouvaient agir sans précautions, un scandale ne serait pas le bienvenue, ils avaient ordre de n'agir que quand les doutes laissent place à des suspicions -et ces deux termes sont souvent étrangement proches pour les agents.
Avatar, quand à lui, n'avait que faire de ces personnes qui devaient, à se moment même, n'être qu'à quelques pas de lui, il eut juste le temps d'entendre Calista lui dire de la suivre -ou le lui faire comprendre, tout du moins- avant que celle-ci ne se dépêche de réagir.

"Un... Euu... Oui... J'arri..."

Une main tendue vers la jeune femme qui disparaissait, c'est le seul signe qu'elle eut pour prouver que l'homme la suivait, un signe qu'elle n'a peut-être pas vue, d'ailleurs. Mais, ce qui est certain, c'est qu'Avatar ne devait la perdre de vue, cette occasion était inespérée, il fallait qu'il en profite... Seul, sans patrouilles, il fallait que la jeune femme se sente en sécurité. C'est sans doutes la raison pour laquelle Avatar fit un signe de tète très léger en commençant à la suivre, un signe en direction des deux agents, un signe qui devait très certainement signifier l'arrêt total des patrouilles de police dans la zone concernée pendant, au minimum, la demi-heure à venir.
L'Obligé n'eut aucun mal à comprendre, il répondit par un hochement de tète puis il disparut plus vite que son Boss dans la foule, prenant en main son téléphone et se dirigeant sûrement vers la patrouille...



Il était difficile de suivre une seule personne dans toute cette foule, surtout que la jeune femme semblait posséder d'inquiétantes facultés pour se fondre de la masse -Il faut avouer tout de même qu'Avatar n'est pas aussi à son aise ici qu'entre les murs d'une salle de Haut-Conseil- mais, pour l'instant du moins, il parvenait à garder en vue constamment une partie du corps de la demoiselle, que cette partie soit une main ou un fragment de couleur de son haut... Il faut espérer que l'homme de main du PDG parvienne à le retrouver, bien que celui-ci ne doive pas courir de grand danger temps qu'il ne traite avec personne de plus haut gradé que la Nabis. Et, après tout, elle n'allait pas présenter un parfait inconnu aux dirigeants dès le premier soir... Ce serait incorrect.
Si cela avait pour lui la moindre importance, Avatar se sentirait peut-être inférieur lorsqu'il courrait sur cette place, au milieu des manants. En effet, sa taille et sa carrure n'étaient pas des plus imposantes, et bon nombre de personnes le dépassaient d'une bonne dizaine de centimètres. Ici, ce n'était pas comme dans sa tour, la vie des gens était plus concrète, elle n'était pas réduite à des chiffres sur l'analyse d'un physicien, d'un informaticien... Et pourtant, la vie des gens ne l'importait pas plus lorsqu'il était parmi eux que quand il était au plus haut de la ville.

Si je la perds, tout est finit pour aujourd'hui, et je n'aurais plus qu'à rentrer. Les informations que je détiens ne sont pas suffisantes, je n'ai qu'un rapport et un numéro de téléphone, rien d'assez important pour que je perde le temps et l'argent de la société en mettant un agent sur cette affaire. Jeune femme, attend moi, je ne dois pas te perdre.

Zigzagant entre les Vieilles femmes ménopausées et les gamines un peu trop rebelles. Ce monde n'était vraiment pas celui connu par le PDG. C'est sur ce monde qu'il agissait, d'ordinaire, sans qu'il n'y ait de réciproque. Or, pour une fois, la réciproque s'appliquait. Chaque mouvement, chaque déplacement ne se réduisait pas à une équation, il était certes possible de dire que telle personne serait à classer dans la catégorie des ménagères privilégiant le coût à la qualité, mais ce n'était d'aucune utilité -déjà entre les murs de l'entreprise, il y a bien longtemps qu'on ne réduisait plus le comportement à ces classes, on avait depuis réussit à concrétiser encore plus ces idées en mettant tout le monde dans le même panier.
Il fallut bien deux minutes à Avatar pour traverser la place, et retrouver la Nabis dans une rue concourante. C'était bon, désormais tout était lancé, ne restait plus à la jeune femme qu'à donner toutes les informations qu'Avatar cherchait... Mais, pour l'instant, l'homme faisait mine de reprendre son souffle, la tète baissée, les mains sur ses cuisses et les cheveux pendant, cachant au mieux la Magitech qui avait coûté l'oeil du PDG. Heureusement que la convalescence d'Avatar était terminée, car la cicatrice qu'avait laissée la balle de celui qui avait voulu l'assassiner le faisait quelque peu souffrir à ce moment précis. Et il est plus que probable que, si le traitement n'avait été terminé, celui-ci aurait mal réagit avec cet effort -effort ne méritant pourtant pas tout cela.

"... Votre métier, c'est toujours ça ?... Voila... Je... Je peux vous suivre, maintenant... Je... Vous fait confiance, ce coté de la place ne m'est pas connu."

Il faut dire aussi que je ne descend jamais si bas... Ou alors très rarement...

" Eh bien... Oui, c'est la partie du métier qui maintient en forme, " répondit-elle en riant et en le laissant reprendre son souffle. Accessoirement, elle reprenait le sien aussi, même si c'était moins flagrant.

Elle le saisit doucement par le bras pour le redresser et l'entrainer un peu plus loin, plus bas que la grande place aérienne.

" Allez venez, je vous offre à boire, vous l'avez mérité. Plus la peine de courir... "

Ses joues rougies reprenaient peu à peu leur couleur naturelle, son coeur avait déjà repris un rythme normal, seuls ses cheveux ébouriffés gardaient trace de leur course. A vrai dire, après s'être rendue compte qu'Avatar la suivait, elle avait fait attention à ne pas disparaître totalement de sa vue, qu'il voit au moins où elle sortait.

La rue qu'ils empruntèrent étaient bien plus calme que ne l'était la grande place d'Espyr. Ici, les gens se croisaient sans se rentrer dedans, il était même possible de rêvasser sans prendre le risque de se faire bousculer. Ils ne marchèrent que quelques minutes avant que Calista ne reprennent le bras d'Avatar qu'elle avait lâché.

" On y est, c'est ici. "

La porte était petite, l'enseigne à peine visible, ceux qui entraient ici connaissaient l'endroit. Pourtant, lorsqu'ils y pénètrèrent, Avatar put constater que la pièce était étonnament spacieuse. Et peut-être cela valait-il mieux...

" Cali, ma chérie !!! Ça faisait une éternité ! Comment vas-tu ? "

L'imposante créature qui poussa ce cri de joie était indéniablement féminine, et il était difficile de dire ce qui frappait le plus en la regardant, entre ses épaisses boucles d'un rouge flamboyant, sa poitrine tonitruante [je m'en fous que ça ne se dise pas XD] ou ses fesses dont le balancier inquiétant pour ceux qui passait à côté d'elle expliquait que les tables fussent si éloignées les unes des autres.

Elle voulut saisir le manteau de Calista et son sac dans le but de les accrocher dans l'espèce de vestiaire qu'on pouvait voir près du bar, mais celle-ci, qui n'ignorait pas qu'elle allait le faire – puis qu'elle en ferait de même avec son compagnon sans lui demander son avis – , s'y cramponna. Fronçant les sourcils la patronne s'écria :
" Je vois ! Je devrais peut-être vous piquer votre portefeuille, si je veux espérer que vous reviendrez le chercher ! "

" Ellen ! " s'écria Calista qui sentait le rouge lui revenir aux joues, pour une toute autre raison que peu de temps auparavant.

" Je peux te parler une seconde ? " lui demanda-t-elle à voix basse, ce à quoi la lourde femme répondit par un haussement hautain d'épaule tout en se dirigeant vers l'arrière de son bar pour y servir quelqu'un.

" Installez-vous ici, dit-elle à Avatar en lui désignant une table un peu à l'écart, je reviens tout de suite. "

Elle se pencha vers lui pour ne pas être entendue par la dénommée Ellen.

" Ne vous inquiétez pas, elle aboie fort mais elle ne mord pas. Du moins... elle ne nous mordra pas... "
Elle le laissa quelques instants pour le bar, où Ellen l'attendait.

- Est-ce que tu pourrais me faire crédit ? murmura la jeune femme. Je repasserai demain ou après-demain pour te régler.
- Ooooh ! Mais bien sûr ma toute belle ! Et puis comme ça, je sais que tu ne remettras pas un an à venir me voir.

Elle baissa un peu le ton, ce qui fit qu'au lieu de l'entendre de la rue, seuls ceux qui étaient dans le bar purent profiter de ses paroles.

" Timziz m'a dit pour ton Papa et le petit... Je suis vraiment désolée mon coeur. "

Calista sentit son coeur se serrer. Ellen était une grande amie de son père depuis qu'un soir d'errance, ce dernier, qui venait juste de quitter sa femme et avait du mal à s'en remettre malgré l'apparence qu'il en donnait au monde extérieur, avait par hasard atterri ici. Lorsuq'il y avait emmené sa fille, l'impressionnante femme s'était immédiatement prise d'affection pour celle-ci, qui, d'abord réticente, s'était petit à petit habituée à l'exubérance de la patronne de l'établissement. Ellen n'avait pas un caractère facile mais elle pouvait se montrer une précieuse confidente, pour peu que la rencontre se passe dans une cave insonorisée, le volume de sa voix étant invariablement élevé, quelques soient ses efforts. Et Ellen ne répètait pas ce qu'elle entendait... Calista n'était pas revenue ici depuis que son père était mort, elle n'avait pas eu le courage d'avoir une réelle discussion là-dessus. Elle voulait le plus possible éviter d'en parler, et malgré qu'Ellen lui manquât, elle savait que cette dernière lancerait sans aucun doute la conversation sur ce sujet... sauf si elle venait accompagnée. Cali faisait ici d'une pierre deux coups, le bar était un endroit sûr, et elle donnait un signe de vie à quelqu'un qu'elle appréciait sans s'imposer une entrevue dont elle ne voulait pas.

" Mmh. " Elle ne répondit rien d'autre, accompagnant le tout d'un sourire triste et crispé.

" Bon ! Enchaina aussitôt Ellen. Ils veulent quoi tous les deux ? De toute façon, ici il n'y a que de la bière ! Cali chérie, je t'en mets une grande, c'est bon pour la santé et le moral, et le petit là-bas... il a l'air tout coincé, on va lui en mettre une grande aussi. "

Elle remplit deux pichets et vint les poser devant Avatar et Calista, qui venait tout juste de s'asseoir. La jeune femme en but une gorgée – Ellen la faisait elle-même, elle était vraiment bonne – avant de sourire à son compagnon, vaguement désolée.

" Ne le prenez pas personnellement pour le "petit", dit-elle à Avatar. Avec elle, tout le monde l'est... Elle est un peu... particulière, mais c'est une personne adorable quand on la connait bien. Et donc, comme vous l'aurez sûrement compris, vous pouvez m'appeler Cali. Alors dites-moi, maintenant que vous connaissez toute ma vie... que faites-vous dans la vôtre, monsieur..? "

Ce monde n'était vraiment pas celui que fréquentait le PDG. A peine Calista se fut-elle remise de ses émotions qu'elle l'emmena dans un endroit des plus étrange, une sorte de bar dont l'enseigne se serait vue rétrécir avec les années, et les bières qu'elle sentit passer. Mais là n'était pas le plus étrange, le plus en marge du monde actuel : lorsque les deux personnes entrèrent ils furent littéralement agressés pas une femme des plus... spéciales ? Elle voulu retirer leurs vestes aux deux "invités", mais Calista ne le permit pas, Avatar non plus d'ailleurs, tous les documents qu'il avait pu récolter étaient dans cette veste, il ne la lâcherait pas avant d'etre dans le Monolithe*, question de sécurité. Bien vite on lui demanda de rejoindre une table, alors que la jeune femme s'en allait parler avec l'excentrique, le peu de bonnes manières qui avaient perdurées empêchaient le PDG de s'installer sans sa mine d'information, mais ce petit moment de solitude était le bien venu. Avatar ressortit discrètement le papier qui lui avait été donné quelques temps auparavant et relue les informations qu'il contenait... Ce qui termina d'asseoir l'idée qu'une action forte était nécessaire.
Calista revint bien vite, accompagnée de l'autre femme qui déposa devant le Président une pinte de bière qui aurait suffit à abreuver toutes les personnes présentes ici. Mais, de toute façon, Ava n'y toucherait pas, question de principe. D'autant qu'il n'est pas certain de tenir l'alcool, et puis une mission bien menée ne s'est jamais écartée de l'objectif.
Mais il fallait tout de même faire quelque chose, les mains de l'homme se déposèrent alors autours du verre et l'approchèrent un peu de lui, sans pour autant l'y faire porter ses lèvres. Maintenant que tout le monde était installé, tout pouvait reprendre, c'est d'ailleurs Calista qui ouvrit le bal.

"Ce n'est rien, je n'avait même pas fait attention à cette appellation, et je ne doutes pas de sa sympathie pour toutes les personnes qui occupent cet endroit... Moi ? Je sui... Entrepreneur, en quelque sorte."

Et le pire, c'est que c'est la vérité.

"Je travail dans l'entreprise de mon père, c'est d'ailleurs comme ça que j'ai pu payer ce que j'ai à l'oeil. Au fait... Appelez-moi Sam."

L'endroit tout sortait ce nom devait être aussi obscure pour Avatar que le contenu de la bière qu'il avait devant lui, mais il ne pouvais tout de même pas donner son nom... Son prénom encore moins, ce n'est pas comme si Avatar était très courrant, associé à la Magitech de son oeil droit, l'évocation de ce nom pourrait avoir de trop grandes conséquences.
Maintenant, il était temps de chercher plus loin, de fouiller dans les petits papiers de l'Isak, dans la mesure des connaissances de l'interlocutrice du PDG. Et la boisson qu'elle avait entre le mains aiderait sûrement beaucoup la cause de l'Hy-X, qu'elle résiste ou non à l'alcool le simple fait qu'elle soit là avec Avatar était déjà une ouverture pour ce dernier vers une fin plus "heureuse". Et il était d'ailleurs là pour en profiter, malgré les contre-indications qu'avait put fournir son garde du corps -qui d'ailleurs n'avait toujours pas passé la porte.

"Et, comment ça se passe pour vous ? C'est un travail à temps complet ? Car si vous êtes chassées par la police c'est qu'il ne doit pas être considéré comme... Très légal... Vous êtes nombreux à être... Euu... Publicitaires pour l'Isak ? Parce que vous êtes la première que je croise, bien que ce ne soit pas un exploit étant donné que je met rarement les pieds dans cette partie de la ville. Je... Vous pensez qu'il y a des choses que je doive savoir si je souhaite vous aider ?... Enfin, si je le peux..."

Trop ? Trop vite, avec trop d'intéressement ? Peut-être, malheureusement Avatar ne s'en rendit compte qu'après coup... Il ne fallait pas qu'il s'intéresse trop à cette cause, il ne devait dire que ce qui était nécessaire, ou "Cali" se refermerait et il ne pourrait plus rien en tirer. Erreur tactique qu'il devait s'empresser de corriger, bien évidement... Même si c'était sûrement plus facile à dire qu'à faire.
Il baissa le regard sur le verre de bière qui lui faisait face, et commença à jouer avec la hanse, la faisant tourner du bout du doigt, tel un enfant qui aurait fait quelque chose qu'il ne fallait pas... Bien évidemment, ce comportement était totalement feinté... Les mouvements aident à faire passer un message, plus ils sembleront naturels, plus ce qu'il dira passera facilement.

"Excusez-moi, je me suis un peu emporté... Je ne voulais pas poser toutes ces questions d'une traite, mais je me suis laissé emporter..."+

Le principal est qu’elle me croit assez sincère pour se dévoiler… J’ai besoin des informations qu’elle détient, et elle l’ignore, mais elle ne me dira rien si je ne m’y prend pas comme il faut… Personne ne m’a jamais apprit les relation publiques, en plus je déteste ça, mais pour une fois que c’est nécessaire… J’aurais quand même dut envoyer quelqu’un d’autre, si c’est un échec elle préviendra sûrement les autres de se méfier, et il sera trop tard pour agir… Le seul moyen serait que je me retire avant que tout cela ne tourne mal, avant qu’elle n’ait un doute sur mon identité… Enfin, tout ça n’est pas encore d’actualité, profitons-en…

*Batiment Privé de l'Hy-X

Le regard de Calista se perdit dans la contemplation des mains d’Avatar qui jouait avec son verre, puis revint sur lui.

" Il n’y a pas de mal Sam. J’aime répondre aux questions. "

La jeune femme dissimulait une légère préoccupation par un ton enjoué.

*Il ne boit pas... Il doit être mort de soif, pourtant, vu comme je le suis. Trop timide pour me dire qu’il n’aime pas l’alcool ? Ou peur de perdre le contrôle ?*

Le grand inconvénient d'une activité telle que celle de Nabis, c'est que vous avez rapidement tendance à être paranoïaque. Elle détestait ça, mais elle ne pouvait pas faire comme s'il n'y avait aucun risque que ceux qui l'approchent soient mal intentionnés.

" Vous n’avez jamais croisé aucun d’entre nous ? Nous sommes pourtant quelques-uns... Mais nous bougeons beaucoup, c’est vrai. Nous ne faisons rien d’illégal à proprement parler. Bien que nous pourrions avoir des ennuis avec le papier que je vous ai donné tout à l’heure, c’est une étude confidentielle qui n’aurait pas dû nous tomber entre les mains. Mais l’Hy-X hésite à nous poursuivre pour ce genre de choses... ça les forcerait à reconnaitre que nous les avons vraiment pris chez eux, et donc qu’elles sont réelles.

Ceci mis à part, l’Isäk n’a rien d’une entreprise clandestine. Nous restons évidemment discrets sur les noms de nos clients, mais cela tient du secret médical... Nous avons de plus les reins solides financièrement malgré les tentatives de déstabilisation de l'Hy-X. Vous savez, nos fondateurs sont des anciens actionnaires principaux de l’Hy-X ! "

Elle reprit tranquillement une gorgée de bière. Excepté cette contrariété liée au fait que Sam ne touchait pas une goutte d'alcool, elle était bien ici. Un environnement rassurant, un jeune homme en face (quel âge avait-il ? Un peu plus que le sien ?) à priori sympathique et qui s'intéressait à la cause...

" Et donc comme ça, vous voudriez nous aider ? "

Elle planta un regard perçant dans les yeux d’Avatar. Ce qu’elle y vit sembla lui plaire puisqu’elle lui sourit avant de continuer gaiement.

"Eh bien... vous pourriez oui, bien sûr. Nous recherchons toujours des sympathisants. Déjà, dans la mesure où vous possédez une Magitechs, vous pourriez aider en participant à notre programme de recherche. "

Elle aurait aimé discuté plus avec lui de la véritable nature des Magitechs. Elle n'osait pas, pas encore... Ces choses étaient tellement incroyables quand on y pensait. Calista refusait évidemment de se l'avouer, mais cela la fascinait...

" Etre cobaye peut paraître impressionnant, mais ça l'est moins que ça en a l'air. Enfin... disons que ce n'est pas ce qu'on peut imaginer, une espèce de charcuterie ou je ne sais quoi... Au contraire, cela peut vous permettre de... limiter ses effets secondaires néfastes. C'est en tout cas le but. "

Elle lui adressa un sourire complice.

" Et selon l'endroit où vous avez été opéré, il nous est peut-être possible d'accéder au compte-rendu de votre opération. Croyez-moi, avec ces informations, l'aide fonctionnerait dans les deux sens, de votre part et de la nôtre. "

Cobaye, Moi ? Non merci, ce n'est pas comme si j'ignorait tout du Séraphin, je l'ai conçu avec Lui, j'en connait toutes les liaisons, les capacités. Cette Magitech n'a quasiment plus de secrets pour moi, et elle était la plus performante, il y a quelques années de cela... D'ailleurs, un upgrade ne lui ferait pas de mal, histoire de la remettre à niveau -bien qu'elle soit toujours d'une qualité bien supérieure à celle du commerce, c'est évident. Enfin, ce n'est pas le sujet...

Perdu un instant dans ses pensées après les quelques mots de Calista, Avatar finit machinalement par porter le verre à ses lèvres. Une petite partie du "nectar" passât dans sa gorge avant que le goût de la bière ne vienne redonner à l'homme la totalité de ses esprits. Il reposa alors lentement l'objet qu'il tenait, après en avoir but bien moins qu'une gorgée, et ce tout naturellement, comme si toutes les personnes présentes ici agissaient de la sorte. Et c'est avec tout autant d'aisance qu'il se décida, quelques secondes après, à répondre à tout ce qu'avait put lui dire la jeune femme et dont il avait minutieusement fait l'inventaire.

"Alors c'est sûrement que je ne traîne pas assez dans les lieux où les vôtres travaillent... Et je ne me tiens pas assez au courrant du cours du marché pour connaitre le nom des sociétés, le comble pour un entrepreneur, à mon avis..."

Nul besoin de se tenir au courrant du cour de la bourse pour connaitre le nom d'une société, Avatar aurait pu trouver mieux à faire dire à son cher "Sam" mais, cette espèce de naïveté était sûrement voulue... Bien qu'il soit difficile de la doser au mieux sans connaitre son interlocuteur.

"Quand à la proposition pour être... Cobaye... Je... Ne sais pas. Ce n'est pas contre vous, mais je n'aimerai pas qu'un de mes reins se retrouve au marché noir pour la seule et unique raison que j'aurais accepté une anesthésié. Et puis... Ma Magitech n'a rien de spéciale, à part le fait qu'elle ne soit pas en vente libre -en même temps, tout le monde n'a pas besoin de remplacer un oeil- mais... Si vous dites que ça me permettrai de vous aider. Ca ne me coûte rien d'y réfléchir."

Le seul gros problème de cette discussion, c'est que les informations qu'il était possible de classer comme "capitales" étaient plutôt très rares, voir quasiment inexistantes. Chose évidente, la jeune femme n'allait tout de même pas se révéler entièrement au premier inconnu -ce qui faciliterai pourtant énormément la vie de l'Hy-X, il faut l'avouer- malgré tout, il était impensable pour le PDG de ne rien tirer de cet entretient, il est déjà assez rare qu'il se déplace, mais si en plus il devait le faire pour ne rien en tirer, ce serait un affront qu'il ne pourrai tolérer.

"Quant au lieu où j'ai été opéré, cela m'étonnerai que vous trouviez quelque information que ce soit à mon sujet, c'était dans une clinique privée de l'Hy-X, située au plein coeur de son building. C'était le seul endroit où, d'après eux, les chirurgiens ayant des compétences dans le domaine de ma Magitech étaient capables d'exercer... Ca a surtout été un bon moyen de nous faire ajouter quelques chiffres sur le chèque final, à mon avis... Enfin, je ne le regrette pas, pour une fois c'était de l'argent bien employé."

Surtout que ce n'est pas mon compte en banque qui a souffert de cette greffe. Elle faisait parti des dossiers classés défense que je gérait, il fallait bien que quelqu'un daigne porter ce prototype -qui n'en est d'ailleurs plus un. Et, après tout, si je porte l'unique exemplaire c'est bien parce que ce dossier m'était réservé. En plus, jamais l'Hy-X n'a mit de Magitechs au service de la collectivité en les adaptant pour les non-voyants ou pour les handicapés moteurs, si c'était la cas alors, le plus souvent, ce n'était pas voulu directement, bien que ce soit une source de revenue comme une autre que cette exploitation là.

"J'ai entendu dire que des choses étranges se passaient hors de la ville, que certains secteurs étaient le lieu de regroupement d'individus "étranges"... C'est l'Isak ?"

Ou : comment faire passer inaperçue une question ayant pour but de scanner les connaissances de l'Isak sur les expériences ratées de l'Hy-X... Ces choses se faisant nommer Chikamis...

Le geste que fit Avatar pour boire était tellement naturel que Calista faillit ne pas le remarquer. Alors, inquiète pour rien ? Elle grimaça légèrement quand son interlocuteur évoqua le fait que l'Isäk puisse toucher à son intégrité physique pour se faire de l'argent sur son dos. La réaction était pourtant normale, elle aurait dû l'anticiper. Les cobayes étaient généralement des gens qui connaissaient bien des agents de l'Isäk, ou bien qui avaient un problème de santé – eux-même ou un de leurs proches - dont l'Hy-X se désintéressait. Ceci dit, l'entreprise de Desavres se désintéressait de toute façon de tout ce qui ne leur rapportait rien.

Elle faillit lui dire qu'il était au contraire possible qu'ils trouvent des informations sur lui s'il avait effectivement été opéré au sein de l'Hy-X. L'Isäk avait certains contacts là-bas, des médecins ou plus simplement des petites mains qui étaient restés liés à ceux qui les avaient quittés et qui, pour X raisons, pouvaient, dans certains cas, les aider à obtenir une copie des dossiers médicaux. Selon la Magitechs et le patient, ceux-ci n'étaient pas toujours extrêmement protégés...

Mais avant qu'elle n'explique cela à Sam, il lui posa une question à laquelle elle ne sut d'abord pas répondre.

" L'Isäk ? "

Elle fronça les sourcils, réflechissant à ce que l'Isäk pouvait bien faire aux portes de la ville. Clairement, elle ignorait de quoi il parlait. Puis elle réalisa brusquement que ce n'était pas de l'Isäk qu'il était question mais de ces créatures effroyables qui alimentaient une bonne partie des discussions des scientifiques, ces ratés qui inquiétaient tout le monde, ceux qui faisaient culpabiliser une partie des gens qu'elle fréquentait : les Chikamis. Qu'ils se réunissaient, elle n'en avait pas entendu parler. Mais ils vivaient en-dehors de la ville, en effet, et pouvaient facilement être qualifiés d'étranges. Elle se raidit en comprenant que c'était à eux qu'il faisait allusion.

" Comment... Sa voix était devenue aussi basse qu'un murmure. Comment est-il possible qu'un entrepreneur ignore tout de l'Isäk, qui est une entreprise... correctement côtée sur le marché, mais que ce même entrepreneur ait eu vent d'informations que l'Hy-X s'efforce au mieux de préserver ? "

Calista considérait que tout le monde aurait dû avoir le droit de savoir ce qu'il risquait avec les Magitechs. Non pas pour les pousser au suicide avant qu'ils ne fassent du mal aux autres et à leurs proches, puisque, de ce qu'elle savait, les Chikamis, n'ayant plus conscience de leur passé, devenaient des créatures ennemies de l'homme. Mais une utilisation moindre des Magitechs pouvaient leur faire gagner du temps, des "points de vie" en quelque sorte. Et c'était une bonne excuse pour se tourner vers l'Isäk. Sam comme les autres méritait de le savoir, sauf qu'il n'aurait jamais dû savoir ce qui se passait "dehors", à moins de connaître quelqu'un...

" Dites-moi Sam, quel est votre secteur d'activité ? "

Trop loin, apparemment je suis allé un peu trop loin, mais pas encore assez pour me retirer. A moi de la jouer plus finement.

La première chose à faire, c'était de ne pas paraître troublé par les deux questions de la jeune femme -dont la première était plus rhétorique qu'autre chose. Ainsi portât-il à ses lèvres le verre qu'il tenait, c'était la deuxième fois, mais il ne but pas plus que la première, le niveau du contenu ne s'en était d'ailleurs pas vue énormément changé, juste de quoi dire que le PDG avait fait l'effort d'en avaler un peu.
Il était nécessaire que l'entretient dure un peu plus longtemps, ne serais-ce que pour sonder la jeune femme sur ces connaissances sur les fameux "Chikamis", comme ils se nommaient eux-mêmes. Chikamis qui n'étaient d'ailleurs pas que des tas de cendre ambulants, d'après les rapports d'observation et le peu d'observations qui ont été faites sur le sujet -sujet inutile pour l'Hy-X temps que le peuple ne demande pas "protection" à l'entreprise. Ces choses ne représentent pas une menace imminente, mais il faut éviter à tout prix que l'on sache d'où elles venaient... Si les hommes risquent de tuer leurs familles après avoir abuser des Magitechs, c'est leur problème, mais si ils arrêtent d'acheter pour éviter ce cas de figure... Alors cela devient le problème de l'Hy-X.
Avatar devait réagir assez rapidement pour que Calista ne se rende pas compte qu'il n'avait pas réfléchit à son "secteur d'activité" au sein de cette entreprise factice. Mais il n'aurait, de toute façon, pas à chercher bien loin, s'étant présenté comme le fils du patron, le secteur était tout trouvé... Encore fallait-il être assez habile pour placer ceci, les "fils à papa" ne s'affichent pas trop ouvertement comme tels...

"Je... Vous l'ai dit... Mon père est le Président... Alors, mon secteur d'activité est plutôt réduit aux taches qu'il veut bien me confier. Ainsi m'excuseriez-vous sûrement de ne pas être aux faits des noms des entreprises pharmaceutique ou biotechnologiques actuelles. Je serai sûrement amené à réentendre parler de l'Isak quand le moment sera venu, mais pour l'instant je sers plus les cafés que je ne traîne dans les Banques."

Pas trop mal débrouillé ? C'est ce qu'il fallait espérer : qu'elle soit convaincue au moins le temps d'une fin de journée, après ce ne sera plus utile. Qu'elle cherche dans tous les dossiers à sa disposition si ladite entreprise -dont Avatar ne s'était pas avancé à citer le nom- n'avait guère d'importance, car elle ne risquera pas de revoir Avatar en dehors de bâtiments surprotégés ou pleins de personnes prêtes à le protéger -pour le bien être de leurs intérêts. D'ailleurs, en parlant de ces personnes, un homme peu bavard que Cali avait déjà entrevue ne tarda pas à entrer silencieusement dans l'établissement, avant de s'asseoir tout naturellement au bar sans même jeter un regard sur son patron, qui fit également mine de ne pas le reconnaître.
Cependant, il ne devait pas laisser Calista lui parler avant que celle-ci ne soit convaincue par l'explication de "Sam" sur ses connaissances sur un sujet peu commun, c'est pourquoi il s'empressa de reprendre.

"Nous avons beau ne pas faire parti des hauts dirigeants de ce monde, nous avons quand même assez de relations pour entendre de lointains échos. J'ai entendu, il y a quelques jours, que la bordure extérieure de la ville était devenue le lieu de résidence d'hommes peu communs... Je me disais que c'était peut-être des gens qui seraient venus d'une autre cité, étant donné qu'on a plus vraiment de contactes avec l'extérieur... Mais je me demande bien comment ils peuvent vivre dehors, il parait que ce n'est pas l'endroit le plus sur d'Espyr. Enfin, je ne sais pas ce que l'Hy-X pourrait avoir à voir avec cette rumeur, mais, étant donné que cette entreprise est derrière toutes les rumeurs, ce n'est pas non plus très intriguant..."

Il fallait parler un peu plus, juste de quoi la persuader de la bonne foi de son interlocuteur, juste de quoi la leurrer sans avoir à trop s'avancer vers des causes qui pourraient paraître improbables car inventées sur place au fur et à mesure de la déblatération. C'était un peu, ici, comme lors des réunions avec les Financiers d'Hybrid X, il fallait convaincre sans en dire trop, et en aucun cas avoir l'air incertain. Au détail prêt que, ici, il ne risquait rien du tout en perdant le contrôle, à part peut-être de ne pas avoir accès directement à certaines informations importantes qui, de toute façon, seraient sûrement trouvées d'une manière ou d'une autre par l'entreprise qu'il dirigeait... Remarquez, les flux d'informations allant de l'Isak à l'Hy-X était bien plus mince que sa réciproque, car les employés ayant déjà trahit leur entreprise pour une autre ne sont, bien souvent, pas assez dociles pour faire l'inverse lorsqu'on le leur propose -bien que les noms des traîtres soient parfois dures à trouver.

"Mais, si vous parlez de l'Hy-X, c'est que vous savez quelque chose à ce sujet ?... Pourtant, ces personnes sont bien vivantes, alors le seul lien qu'elle pourraient avoir avec cette entreprise serait un lien de client à marchand, étant donné que les Magitechs ne donnent que la mort, ce hommes ne pourraient être des victimes, n'est-ce pas ?..."

Peut être encore trop, mais la réponse à cette question devrait suffire à m'apprendre ce que je veux savoir, si jamais elle prend la peine d'y répondre... Il faut qu'elle y réponde, c'est une nécessité pour me permettre de mettre un terme à cet entretient... L'Isak est le seul ennemi de l'Hy-X, je m'arrange personnellement pour traiter directement avec les autres dirigeants afin de m'assurer leurs bonnes grâces et leurs marchés, d'ailleurs j'ai des rendez-vous avec les dirigeants de chaque castes actuellement en ville, à part l'Isak et ces Chikamis, alors ils sont, de ce fait, les deux seuls qui pourraient nous trahir... Qui pourraient Me trahir, encore... Je dois savoir, pour mieux traiter ce problème. Alors dis moi tout "Cali"...

Sam s'était présenté en tant qu'entrepreneur, en l'interrogeant sur son secteur d'activité, Calista s'était tout naturellement attendue à ce qu'il lui donne le domaine de son entreprise. En répondant qu'il effectuait des tâches sans importance sans lui donner plus de précisions, le jeune homme montrait bien son peu d'implication dans l'entreprise... Alors, un vrai fils à Papa ? C'était ce qu'il disait en tout cas, de façon plus ou moins gênée, d'ailleurs. Et il n'y avait pas de quoi en être fier en effet.

*Pas de nom. Ni celui de l'entreprise, ni le sien. Pas d'informations sur ce qu'elle fait. Rien qui ne puisse me permettre de l'identifier...*

Evidemment, qu'il ne donnât pas son nom de famille lui paraissait normal, voire même de bon sens. La prudence imposait de faire attention à ne pas être fiché dans les dossiers de ceux qui risquaient de se faire arrêter. L'Isäk protégeait bien ses troupes, mais cela, un nouveau venu ne pouvait guère le savoir. Le reste posait cependant problème à la jeune femme.

Calista jouait avec son verre, suivant le tracé du bord avec son doigt. Elle semblait presque ne plus écouter Avatar, son regard plongé dans le liquide ambré. Pourtant, il était évident qu'il restait la source de toute son attention. Il avait un lien avec l'Hy-X, elle en était persuadée. Oh ! Probablement pas un lien direct, il parlait avec naturel, et cette aisance lui laissait supposer qu'il devait avoir l'habitude de convaincre. L'hypothèse du fils d'entrepreneur se tenait, d'autant que ceux qui mentent essaient toujours de ne pas chercher trop loin, sinon le mensonge devient vite difficile à tenir. Inciter les gens à vous donner plus d'argent, ce que faisait les chefs d'entreprise pour ce qu'elle en savait, puisque ce n'était pas ceux qu'elle fréquentait, cela ne se faisait pas facilement, et Sam se montrait doué. Il plaçait même les hésitations là où il le fallait. Si son entreprise était liée de quelque façon à l'Hy-X... Ou même, avait-elle besoin de l'être ? Desavres était assez puissant pour que les gens puissent vouloir lui plaire, de petites ombres qui quémandent des miettes d'attention du Grand Maître... Cela pouvait expliquer plusieurs aspects étonnants du comportement de Sam. Le regard brûlant sur le prospectus, son revirement soudain concernant les propos de la Nabis, sa connaissance des Chikamis... A quel point cela pouvait s'avérer risqué pour elle ? Peu sans doute. Elle n'avait rien dit qui puisse être utilisé contre eux. Dans le pire des cas, Ellen se retrouverait avec un contrôle financier ou sanitaire, et elle saurait s'en débrouiller. La Nabis disparaitrait comme à son habitude. Il vaudrait sans doute mieux pour plus de sûreté, éviter la grande place le vendredi après-midi pendant quelques temps. D'un autre côté, elle se livrait au jeu du chat et de la souris toutes les semaines, cela ne risquait pas de changer grand-chose. Non, le véritable problème était de décider quoi faire de l'homme en face d'elle. Calista s'efforça de garder son calme. Evitant toujours le regard d'Avatar, elle répondit froidement.

"J'ignorais que les Chikamis se regroupaient à la porte de la ville, mais cela ne présage rien de bon."

*Qu'au moins il sache ce que l'humanité doit à son cher ami... Qu'il sache qui il sert.*

"Ce sont les scientifiques qui les appellent comme cela, les Chikamis. Et pour répondre à votre question, oui, ils ont un rapport avec l'Hy-X. Ce sont leurs créatures, ou plutôt les ratés de leurs créations. Si vous voulez avoir une idée de ce à quoi vous ressemblerez dans quelques temps, après avoir trop longtemps utilisé ce qui vous donne l'apparence d'Avatar Desavres, allez donc faire un tour dehors. Vous y trouverez les ombres de ceux qui furent des êtres humains. Croyez-moi, il aurait mieux valu les tuer tant qu'il en était encore temps."

Elle avait relevé la tête, les yeux brillants d'une fureur contenue. Elle aurait voulu le secouer de toutes ses forces, et si cela n'aurait pas aidé le jeune homme à mieux intégrer ses paroles, cela lui aurait au moins permis de passer ses nerfs à elle.

"Alors dites-moi Sam. Que comptez-vous raconter de notre petite entrevue à vos amis de l'Hy-X ? Dommage, il n'y a pas grand-chose à rapporter... Vous auriez dû me prévenir, je vous aurais fait une liste de nos contacts là-bas."

Bravade aussi stupide qu'inutile, et la jeune femme ne le réalisa même pas, rendue furieuse par tous ces individus, tels que lui, qui marchaient au pas devant le PDG, quitte à sacrifier l'humanité et eux avec.

Le jeu est finit.

Avatar savait, il n'en apprendrait pas plus, des soupçons étaient nés, plus que cela, c'était même des certitudes qui occupaient désormais l'esprit de la jeune femme. Certes, pas les bonne -elle aurait eut grand mal à deviner qui était son interlocuteur- mais elle était au fait de ce que celui-ci cherchait. Et ce mettait à terme à l'entrevue, car il serait impossible de continuer de manipuler un esprit trop méfiant, trop sur de ce qu'il ne doit dire. L'opération était un échec, Avatar n'en doutait pas, mais il n'en serait en aucuns cas affecté, le dossier recueillit permettrait de trouver le scientifique qui les a trahit, il serait ensuite très facile de... S'arranger pour que les prochains dossiers qu'il aura à traiter ne soient que ceux de l'Isak, et qu'il ne puisse travailler nul part ailleurs... Ni même parler plus qu'il ne l'a déjà fait.
Connait ton ennemi, c'est la meilleure façon de le vaincre. L'Isak l'avait comprit très tôt, l'Hy-X était entrain de le découvrir, et, quoi que pense la demoiselle, le fait de savoir qu'elle est au courrant de l'existence des Chikamis, ainsi que de leurs origines est, en soit, un pas en avant pour Hybrid X qui sera désormais sur qui faire pression pour éviter toute fuite. Ces informations n'étaient pas suffisantes, mais elles ne seront pas accompagnées de plus importantes, alors autant tout arrêter.

Avatar porta une dernière fois le verre à ses lèvres et but cette fois-ci une plus grande quantité de bière, peut-être pour noyer le personnage qu'il avait créé, ce qui était certain c'est qu'il changea du tout au tout une fois que le verre fut reposé sur la table. Son regard, sa position, sa façon d'être... Sa voix... Tout se voulait plus stricte, plus certain. Plus aucune hésitation ne ponctuerai plus ses prochaines phrases, et plus jamais il ne serait seul, car l'homme qui était entré il y a peu ornait déjà son flan droit, debout et prêt à réagir à n'importe quel ordre.

"Je n'aurai rien à raconter à l'Hy-X, car vous vous en êtes chargée pour moi. De plus, je n'étais pas là pour en apprendre sur votre organisation, je sais le nécessaire, je voulais savoir ce que vous vous saviez de nous, et vous m'avez donné satisfaction, si vous n'étiez pas capable de nous trahir à la première occasion je vous aurai volontiers proposer un poste dans Mon entreprise, un post à l'Hy-X. Je n'ai pas que l'apparence de Desavres, en effet."

Sur ces mots, l'homme se leva et ouvrit la veste qu'il portait, histoire, peut-être, de bien montrer qu'il n'était plus le même, ou alors tout simplement car cette habit fermé le génait -il était au supplice de devoir supporter un tel accoutrement, le costume trois pièces semble bien loin. Il tourna son regard vers son Garde du Corps, avec lui nuls besoin de mots pour se faire comprendre, l'homme connaissait assez bien Avatar pour lire ses ordres sur son visage -ce qui n'est bien évidement pas réciproque. Ainsi il répondit à ce geste par un Oui, suivit quelques instants plus tard de quelques mots disant que la voiture était déjà dehors à les attendre.
Peu de personnes dans le bar regardaient la scène se dérouler, mais ceux qui en prenaient la peine avaient bien vues que quelque chose était étrange, deux personnes qui faisaient mine de ne pas se connaitre s'étaient soudain réunis en face d'une femme et s'apprêtaient à partir. Il y a même fort à parier que certaines des personnes présentes avaient travaillées pour l'Hy-X, et avaient au moins une fois croisé le regard dédaigneux de Desavres Petit-Fils. Et c'est justement ce regard qui les empêchait aujourd'hui de tenter quoi que ce soit -en plus de l'homme imposant qui trônait à ses cotés- car ce regard était effrayant en tout point. Et c'était ce regard même qui se posait sur Calista en ce moment.

"Je doutes que nous nous revoyions, du moins je l'espère pour vous, 'Cali', car ça voudrait dire que nous vous avons retrouvé, chose peu souhaitable, aussi puissant l'Isak puisse t’il être. Vous pouvez donc dire Adieu à ce Sam, ainsi qu'à celui qui se cachait derrière, cet entrevue s'achève ici."

Rien ne sonnait plus pareil, bien qu'il soit très difficile de concevoir le fait que ce soit en réalité le PDG de la plus grande -et la plus meurtrière- entreprise de la ville qui ce cachait derrière ce Sam chétif et un peu trop curieux. Ce état de fait ne pouvait couler de source tant la probabilité de rencontrer Avatar dans la rue était faible, mais, ce qui devenait clair au contraire, c'est que tout avait été orchestré, tant la rencontre que les quelques échanges. Tant l'attitude que l'irruption du Garde qui posa la question qui déclancha les premiers soupçons. Rien n'avait été naturel, tout ne fut que jeu, et la jeune femme a perdue une bonne occasion de mettre fin -momentanément- à tout cela, en tuant Avatar. Tout ça parce qu'elle ignorait qui il était, quel dommage.

"Une dernière chose, désolé de n'avoir accepté votre proposition pour devenir cobaye. Mais, si cela peut vous rassurer, je ne me suis pas dans le même piège que celui dans lequel je fais tomber les autres."

Ca ne coûtait rien à Avatar d'accepter le fait que ses Magitechs tuent, qu'elles soient entrain d'apporter le chaos dans la ville par le biais des Chikamis, cela n'avait aucune once d'importance -étant donné qu'il partait sur le fait qu'il n'aurait qu'à "contaminer" une autre ville si celle-ci venait à s'effondrer- d'autant plus qu'il pouvait, ici, hurler que ses Magitechs tuaient sans que cela n'ait aucun impacte sur les ventes. L'isak était une entreprise montante, mais une trop petite entreprise. L'Hy-X gardait quasiment le monopole, avec si peu de gènes que cela en devenait vulgaire.
Sur ces mots, Avatar, un sourire mauvais aux lèvres, tourna les talons et disparut derrière la porte qu'il avait passé auparavant en temps que ce Sam factice qu'il avait monté de toute pièce. On entendit une voiture démarrer, puis plus rien. L'entrevue était terminée, le PDG en avait décidé ainsi, alors tout était finit.


[Libre à toi de répondre pour clore le topic ^^]

[j'avais fait ça, il y a quelques jours, et puis j'ai essayé de me concentrer sur autre chose, du coup, je ne l'ai pas posté... (d'autant qu'on avait fini, donc je considérais que ce n'était pas pressé )]

Calista s'était levée en même temps qu'Avatar, comme on se lève à la fin d'un entretien. Les mots qu'il avait prononcés avaient pénétré son esprit sans y trouver prise, sans qu'elle ne parvienne à saisir ce qu'ils impliquaient.

*Je n'ai pas que l'apparence de Desavres*

Rien que cette phrase, cela voulait tout dire. Mais c'était impossible, trop difficile à croire, à assimiler. La jeune femme avait blêmi, puis rougi, et blêmi de nouveau, comme si son corps lui-même ignorait comment il convenait de réagir. Sonnée par une telle révélation, la Nabis fixait de ses yeux brûlants l'homme froid qui lui faisait face, l'esprit vide de toute répartie possible. Son regard glissa vers son gorille, et elle eut un haut-le-coeur en reconnaissant l'homme qui l'avait interrogée quelques instants plus tôt. Pétrifiée, elle les regarda sortir du bar sans qu'elle-même eut fait un geste, ou prononcé un mot.

"Cali ?"

Elle sentit un main ferme et douce se poser sur son bras, et l'entrainer à l'écart, dans une arrière-salle qu'elle connaissait bien.

"Est-ce que tout va bien ?"

La voix inquiète d'Ellen la ramena à la réalité. Calista remarqua soudain que la patronne tenait dans une main une petite arme de poing.

"Oui, grimaça la femme, quand j'ai vu l'autre mastodonte s'approcher de vous deux, je me suis dit que quelque chose clochait."
"Tu ne l'as pas utilisée..." observa la jeune femme d'une voix blanche qui lui semblait raisonner très loin à ses propres oreilles.
"Tant qu'il ne se passait rien, autant éviter de faire massacrer tout le monde. C'était qui ?"

Calista mit quelques secondes à répondre. Elle tremblait toujours – quand avait-elle commencé ? - mais le brouillard de son esprit commençait à se dissiper, lui permettant enfin d'affronter la réalité de ce qui venait de se passer.

"Oh mon Dieu ! C'était Avatar Desavres !" murmura-t-elle.

L'incrédulité qui se lisait sur le visage d'Ellen montrait clairement qu'elle se demandait quel était l'origine du choc qui semblait avoir touché sa jeune amie.

"Il t'a invité à dîner ? Plaisanta-t-elle, mi-figue, mi-raisin. C'est un bon parti, financièrement parlant."

La Nabis, se tourna complètement vers la patronne du bar, et s'écria :

"C'était Avatar Desavres ! J'avais ce... cet... cet homme en face de moi ! Avatar Desavres ! Il était là, et je n'ai rien fait ! Je n'avais même pas d'arme pour le... pour le..."

Nouveau haut-le-coeur.

"Il me faut une arme ! Quelque chose pour..."

Elle avait les larmes aux yeux, s'était remise à trembler plus violemment. Ellen lui caressa doucement les cheveux dans l'espoir de la calmer.

"Pour faire quoi ma chérie ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? Te pointer à l'Hy-X, entrer avec ton armada et buter le grand chef dans sa tour d'ivoire ?"

Calista lui lança un regard vaincu, baigné de larmes. Evidemment que c'était stupide. Rien ne disait non plus qu'elle aurait pu faire quelque chose ici, avec ce garde du corps juste à côté.

*Le temps qu'il réagisse, j'aurais pu... Il m'aurait sans doute tuée tout de suite après, mais ça en valait la peine !*

"Tu ne lui as rien dit... d'important ?"

Fin des fantasmes, retour à la réalité. Calista s'efforça de repasser le film dans sa tête.

"Non, je ne crois pas, hésita-t-elle. Je pense qu'il voulait savoir ce que nous connaissions sur les Chikamis... Il m'a posé des questions là-dessus..."

Ellen eut un haussement d'épaules qui signifiait qu'elle ne voyait pas en quoi cela pourrait être gênant.

"Il y a le prospectus aussi... Une étude réalisée par l'Hy-X. Je ne suis pas sûre, je crois que l'Isäk l'a obtenue parce que quelqu'un l'a "négligemment" laissé trainer, et que c'est ainsi que certaines "petites mains" l'ont récupérée. Je ne me souviens plus des auteurs, je ne sais pas si ce sont d'anciens amis des nôtres, ou s'il s'agit d'un ancien de l'Hy-X venu nous rejoindre, qui aurait pris ça avec lui... Mais l'Isäk a dû faire attention, en rendant ça public..."

Regard inquiet en direction d'Ellen. Calista frissonna.

"Mais c'est Desavres... S'il décide vraiment de fouiller pour savoir d'où vient la fuite, qui sait ce qu'il peut trouver ?"

Ellen soupira.

"OK Trésor, détends-toi un peu. De toute façon, ce bout de papier aurait bien fini par tomber entre leurs mains. Mange un morceau, bois un coup, et rentre chez toi. Tu en as assez vu pour aujourd'hui, je crois..."

[fini pour moi aussi ^^]