Contemplation

[Pour ceux qui veulent me rencontrer ^^]

Néo-Babylone.

Dew aimait cet endroit plus que tout au monde lorsque le jour déclinait. Elle venait souvent arpenter ces lieux, respirer l'odeur de la mort et du désespoir. La ruelle, déserte, nageait dans la crasse et l'immondice. De rares passants apparaissaient dans des halos de lumières pour mieux disparaître quelques mètres plus loin, happés par les ténèbres.
Là-bas, un dealeur vendait un peu de rêve, ici un voleur se préparait à monter dans les quartiers plus aisés pour sa tournée.

Elle sourit. Elle avait réussi à semer Donald le pot de colle en fin d'après-midi. Elle l'avait immergé sous un tas de dossiers en retard, comptes rendus de batailles et factures pour l'Hy-X impayées. Maintenant elle pouvait apprécier le silence autour d'elle, se couler silencieuse entre les ruines du quartier pauvre.

Elle sentait juste la mince trace de Drenk'il dans son sillage. Une odeur de mort et de violence qui restait loin d'elle. Aujourd'hui, elle n'avait pas le coeur à massacrer. Elle avait même négligé d'emporter sa hache qu'elle affectionnait tant pour simplement conserver une petite dague en cas de...nécessité?
Le combat s'était déroulé deux jours plus tôt. Un véritable carnage. Ils s'étaient abattus sur les Ankhelis comme les sept démons de l'Apocalypse. Pris par surprise, ceux-ci ripostèrent du mieux qu'ils pouvaient. Leur nombre, nettement inférieur, leur fut fatal.

S'en suivit un festin embrasé avec une dégustation gratuite de tripes angéliques.

Le vent s'engouffra dans la ruelle, soulevant un amas de puanteur poisseuse. Levant les yeux, elle aperçut un peu plus loin la silhouette familière de la tour en ruine, refuge de ses nuits d'escapade dans Espyr. Elle aurait pu user de ses ailes pour atterrir sur le toit en un battement de paupières, mais elle préférait nettement le contact du sol et se mouvoir sans l'aide du Magitech. Cette foutue technologie avait tendance à décimer rapidement Shameals et Ankhelis qui en abusait.

Les marches de la vieille tour glissait, se creusait, empalait, se faisait sournoises et traîtres. Il fallait être un observateur vigilant pour ne pas tomber dans les pièges de l'escalier en colimaçon. Jamais rénové, le bâtiment gisait comme un mourant dans le ventre de Néo-Babylone. C'était ce qui la passionnait le plus, cette sensation de corps déchiqueté, à l'agonie sous ses pieds.
Une lumière bleutée illuminait le haut des marches, et Dew déboucha sur le toit en béton abîmé. Les étoiles lui firent face, dans un balai de scintillements argentés. La lune, pleine, jetait sa lueur blafarde sur la ville. Elle ne venait ici que ces nuits-là, quand elle pouvait contempler à son gré la lune dans toute sa rondeur, noire ou entière, jamais morcellée.

Elle savait que ce n'était pas une bonne idée de toujours revenir sur ce toit, de persister à vouloir regagner ce lieu à intervalles fixes, régulés par le cycle lunaire. On pourrait remonter sa trace si facilement de cette manière. Sans doute aimait-elle cette part de vulnérabilité, s'offrir sans réelle défense à l'astre des ténèbres.

La nuit crépitait, et rien n'aurait pu sortir Dew dans sa contemplation de la noirceur de l'univers.

Néo-Babylone.

Son taxi l’avait déposé juste a l’entrée de ces quartiers délabrés par le temps et la misère. Aghis jeta un nouveau coup d’œil au plan sommairement dessiné avant de le fourrer dans sa poche. Ce n’était pas la première fois qu’il était amené à arpenter les ruelles délabrées de cette partie de la ville, mais d’habitude c’était de l’autre coté de ce nid de désespoir que sa tache le menait. Cette fois c’était différent et tout cela à cause d’un coup de téléphone.


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Une heure plus tôt

Il se trouvait dans le cœur de la cathédrale St Jonas, l’heure était tardive et il restait bien peu de fidèles dans la nef. Il était en train de murmurer un Ave Maria quand un jeune homme aux habits de la curie vint s’agenouiller à côté, fit un signe de croix et fit mine de se recueillir. Aghis garda le silence, attendant que le nouveau venu se décidà à parler. Les minutes s’écoulèrent et il était sur le point de partir quand son compagnon se décida enfin.

« Il y a eu un appel d’un partisan, il semblait agité. Il parle d’une apparition malfaisante, qui apparaiterait sur le toit d’un immeuble quand la lune est pleine. Ces propos ressemblent plus aux divagations d’un accroc en plein mauvais trip, mais il a donner le code « Gloire de la Lumière » C’est pourquoi nous avons retenu son appel. »

« Gloire de la lumière,….. Ce n’est pas mon code, c’est celui de…. »

« De frère Cassius, oui nous le savons. Mais il est partit avec sa section à Groundscraper, il ne peut pas revenir, mais il nous a demandé que ce soit vous qui traité cet appel comme bon vous semblai. J ai ici, avec moi ses notes concernant celui qui nous a appelé »

Ce disant, le jeune homme remis à Aghis un petit calepin, à la couverture usée par les années. Ce dernier le feuilleta rapidement avant de l’escamoter dans une poche.

« Veiller appeler un taxi, je descends prendre deux, trois affaires et je vais aller voir de quoi il en retourne. »


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Le calepin ne lui avait pas révélé grand-chose, juste que le contact de Cassius avait une tendance à la paranoïa, un problème avec la drogue et qu’il lui avait rendu un service dans le passé. A l’embranchement de deux ruelles, il ressortit le plan avant de bifurquer à droite. L’odeur de détritus et de décomposition régnaient en maître, mais il ne le remarqua à peine, son odorat se détériorant toujours un peu plus chaque jour. Il suivit le chemin que lui indiquait le plan, rencontrant bien plus de rats et autres vermines, que d’être humain digne de se nom.

Il s’arrêta devant un bâtiment, tout aussi délabré que ses voisins, il était arrivé. Il rentra par une porte de service qui pendait à un de ces gonds. L’intérieur était froid, l’humidité avait tracé des motifs sans forme sur les murs, la seule lumière qui éclairait ces lieux était celle de l’extérieur. Il emprunta un escalier en colimaçon, aux marches traîtresses, au point qu’il faillit par deux fois perdre l’équilibre et faire une mauvaise chute.

Arrivé en haut de l’escalier, il déboucha sur un toit en béton qui avait vu des jours meilleurs et « l’apparition malfaisante » était là, près d’une rambarde de béton, son regard semblait perdu dans la contemplation de l’astre lunaire. D’où il se trouvait, Aghis pouvait voir le dos d’une jeune femme qui devait mesurer un mètre cinquante, soisante à tout casser. Elle portait un jeans délavé et un pull dont les manches élimées était bien trop grandes pour elle. Pas étonnant, vu dans quel quartier elle habite. Ces cheveux noirs étaient redressés en pique de ci de là. A part un goût vestimentaire contestable, dut sûrement à ses faibles moyens, on peu rien lui reprocher. Elle n’a aucun sigle la rattachant aux shameals, une descente à New-Babylone pour rien, je parie. Bon, tant que je suis là, autant la tester pour avoir le cœur net.

Il s’approcha de la jeune femme, faisant crisser quelques graviers pour ne pas la prendre au dépourvu si elle n’avait pas remarqué sa présence et vint se tenir à sa droite.

« Belle nuit, n’est-ce-pas? » murmura t-il

Les étoiles dansaient dans ses yeux lorsqu'elle sursauta soudain. Une voix, surgissant de nul part, venait de rompre le silence sentencieux de sa rêverie.

« Belle nuit, n’est-ce-pas? »

Un homme, ou tout du moins sa silhouette, s'encadrait dans les ténèbres environnantes.
Dew mit un long moment à sortir de son état de stupeur. Puis elle réalisa que ce simple fait, cette rencontre aurait été un jour ou l'autre inévitable.
Elle ne connaissait rien de cette personne, mais elle savait, au plus profond d'elle-même, qu'elle ne pouvait pas avoir atterrit ici innocemment.

Elle quitta sa rambarde et sa contemplation pour se fixer sur le nouveau venu. Bien plus grand qu'elle, sa chevelure s'agitait de temps à autre au gré du vent.
Dew s'approcha, sa curiosité l'emportant sur la prudence qui s'imposait. Elle attendit d'être à deux pas de l'homme pour s'arrêter. Il sentait l'encens. Pas désagréable.Mais elle parvenait à discerner une seconde odeur, plus latente, moins propre.

« Oui. »

Elle marqua un arrêt. S'il avait voulu la tuer, il l'aurait déjà tenté sa chance, et surtout ne se serait pas emmerdé à engager une conversation par une formule d'une banalité exaspérante.
Sa main se tendit vers sa dague, et elle dut faire un effort, refouler la rage de Drenk'il qui montait pour garder le contrôle.

« Il est rare de croiser quelqu'un sur ce toit. A dire vrai, cela ne m'était jamais arrivé. »

Rien que cet élément pourrait te trahir ma petite Dew...Voir te condamner...

Elle sourit largement. Finalement, elle pourrait peut-être s'amuser un peu ce soir, loin de la monotonie de la Grotte et de ces Seigneurs-balais-dans-le-cul.

« Je pourrais passer un long moment à tourner autour du pot, mais j'ai d'autres chats à fouetter. Vous venez de foutre en l'air ma soirée, ça me met en pétard. Si vous voudriez bien vous présenter. Et ne faites pas attendre une dame. »

Elle prit un petit air pincé, recula légèrement, histoire de s'assurer un point d'appui confortable. Elle surveillait la réaction de l'homme. Cette odeur qui se dégageait de lui l'intriguait. Il lui avait sembler connaître cette odeur. Elle l'imaginait même être rattachée à un certain lieu. Cependant son esprit peinait à retrouver lequel.

Il fallait qu'elle sache. Qu'elle retrouve cette clé qui lui permettrait d'élucider l'énigme de ce mOsieur sur le toit.

Allez mon grand, dis-moi qui tu es. C'est pas compliqué, ça prend deux secondes et comme ça je sais tout de suite ce que j'ai à faire.

Aghis se crispa légèrement quand la jeune femme s’approcha de lui, les manches de son pull pouvant dissimuler bien trop de choses à son goût ; on ne survit pas à New-Babylone sans savoir se défendre. Il hésita un instant entre sortir le grand jeu ou a révéler la vérité crue à son interlocutrice. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres.

«Toutes mes excuses pour avoir gâché votre soirée, gente dame. Savoir qui suis-je ne vous avancera pas à grand-chose. Autres fois, j’étais ce qui devait sûrement ressembler le plus à un dieu. En me voyant, les gens riaient ou versaient toutes leur larmes selon mon bon vouloir. »

Aghis fit une pose, les yeux dans le vide, se remémorant les instant passés sur scène, le trac avant chaque pièce, les ovations du public et les rappels. Quand il reprit la parole, sa voix était dure, ces traits crispés.

« Disons que maintenant je suis comme la plupart des personnes, je suis un rêveur. J’essaye de bâtir mon rêve avec plus ou moins de succès. A chaque fois qu’il semble sur le point de voir le jour, il y a toujours quelque chose pour venir ruiner mes efforts. Et à chaque fois que je suis prêt à abandonner, il y a cette lueur d’espoir qui brille au loin et qui fait que finalement je redouble d’efforts pour y parvenir. Mais à mon tour de vous renvoyer la question, à qui ai-je l’honneur ? »

Aghis observa son interlocutrice, curieux de savoir comment elle allait réagir, alors qu’il se massait discrètement la gorge.

L'homme était sans conteste bavard. Il avait même l'art de faire des phrases compliquées pour au final ne rien dire d'intéressant aux yeux de Dew.

Pfff dans le genre pompeux jamais vu pire...Et s'il croit que je vais verser une larme...

Et évidemment, elle s'attendit tout naturellement à ce qu'il lui retourne la question à la fin de sa tirade pantouflarde.
Dew hésita. Soit elle se révélait, là ça l'amuserait vraiment beaucoup mais y'avait des risques pour que l'autre ne soit pas seul, soit elle s'inventait de toute pièce un personnage.
Elle ne parvenait pas à se décider, et jouait continuellement avec la lame de sa dague. D'un côté comme de l'autre, elle sentait que l'intérêt serait à l'honneur.

Elle sauta sur la rambarde, leva les bras au ciel sans se soucier de la fine lame qui dépassait de sa ridicule manche. Elle espérait que l'homme serait impressionné.

"Je suis le Fléau. Je suis la Démence."

Aucun risque qu'il sache pour Démence, seuls les bouffons de la grotte me surnomme ainsi...

Elle observa d'un oeil la voute céleste, toujours aussi calme. Trop clame désormais.

Dommage, pas un seul éclair pour zébrer la nuit et réhausser la scène d'un soupçon démoniaque.


Elle soupira. Tout son petit numéro était fichu. A cause de la météo, à cause de cette belle nuit.

"Enfin bon, la plupart des gens me considèrent plutôt comme folle"

Elle sourit à son "public" et se gratta machinalement les cheveux avant de s'asseoir à même le sol crasseux de la tour.

"C'est vraiment étrange, vous me rappelez un endroit précis...un endroit que je déteste profondément..."

Elle renifla l'air avec attention et s'avança, en position accroupit vers la silhouette. Elle adorait imiter les félins, même si aux yeux des autres, et particulièrement de ses comparses Shameals, elle paraissait hautement ridicule.

Mais oui, c'est ça...ce fumet...et ça explique son discours foutrement assommant...

Ses yeux se plissèrent et son sourire s'aggrandit. Elle tenait une idée qui s'enfonçait de plus en plus dans sa petite tête.

"Vous ne seriez pas du genre un peu religieux par hasard?"

Le changement d’attitude surprit Aghis, la jeune femme qui, une minute plus tôt lui reprochait de lui avoir gâche sa soirée, était maintenant elle sur la rambarde, les bras levés vers le ciel proclamant ;

"Je suis le Fléau. Je suis la Démence."

Ah ! Voilà qui devins intéressant. Un chouia théâtrale mais intéressant.

Quelque chose sembla décevoir l’inconnue qui lâcha un soupir de déception et s’assit à même le sol.

"Enfin bon, la plupart des gens me considèrent plutôt comme folle"

Aghis hocha la tête pour lui-même. Folle peut-être pas, mais en tout cas, originale assurément.

"C'est vraiment étrange, vous me rappelez un endroit précis...un endroit que je déteste profondément..."

La jeune femme s’avança vers lui tout en restant accroupie, rappelant à Aghis un chat en chasse ou un chien suivant une piste. Pour chaque pas qu’elle faisait, il reculait d’un.

"Vous ne seriez pas du genre un peu religieux par hasard?"

« Un peu serait un euphémisme, on me dit toujours que je prie trop et n’agit pas assez. Mais je suppose que l’église ne doit pas être un lieu familier. Si vous voulez, j’en connais une dont la beauté vous séduira, j’en suis certain. Voulez-vous que je vous y amène ?»

Tiens toi prêt, si elle est vraiment le fléau qu’elle prétend, elle ne pourra rester de marbre. Ne la sous estime pas, mieux vaut avoir un dossier ouvert sur elle, que me retrouver sans vie demain. L’avoir vivante serait encore mieux, la ramener aux souterrains ne serait pas une mince affaire, mais je présens qu’il y aurait bien des choses à gagner.

Aghis ressentit son avant bras se couvrir de chair de poule, finalement il arrêta de reculer.

« Mais au fait, quel est votre véritable nom ? Il serait dommage de ne pouvoir mettre un nom sur un si joli visage. »

L'homme n'esquiva pas sa question, il y répondit même en glissant une invitation. Dew se figea et scruta le visage de l'homme, plongé en partie dans les ténèbres.
La méfiance n'était pas l'un de ses points forts, cependant, La Maîtresse des dés, sa seconde voix, guettait toujours ses imprudences, et l'amener à mieux réfléchir.

« Mais au fait, quel est votre véritable nom ? Il serait dommage de ne pouvoir mettre un nom sur un si joli visage. »

Soyons prudents Dew... cet homme accompagne ses dires de cette jolie petite phrase pour mieux arriver à ses fins.
C'est une technique vieille comme le monde, flatter l'ego de son interlocuteur pour atteindre son but. La question est : est-ce que tu veux bien tomber dans le panneau? Songe-y...

Les pensées de la rousse pulpeuse s'évaporèrent, laissant dans l'esprit de Dew un parfum appuyé de Jasmin.
Son attention se reporta sur l'homme qui attendait. Ses yeux absents la minute précédente se tirèrent avec lenteur de ses pensées.

"Cela fait bien longtemps que je n'ai touché ni vu une église. Allez savoir pourquoi..."

Elle appuya sur les derniers mots et ne put empêcher un petit rire de s'échapper de sa gorge. Elle recula pour retrouver la rambarde de la vieille tour et s'y entourer les bras.

"Quand à mon véritable nom...il me semble que vous ne jouez pas franc jeu avec moi mon petit...j'ignore toujours le votre. Et votre pitoyable tactique de flatterie n'a pas plus d'effet qu'un chien crevé sur moi."

Elle amena la dague à hauteur d'yeux et contempla les reflets bleutés qui dansaient à sa surface.

"Mais puisqu'il vous faut un nom à coller sur ma carcasse, disons que vous pourrez m'appeler Diane. Ca fait cool de porter le nom d'une déesse de la chasse et de la nuit. Et tant qu'on y est, je vous nommerais Mercure. Ca vous va?"

Elle rangea sa dague dans le fourreau fixé à son avant-bras et s'étira longuement en baillant. Elle se redressa enfin, prête.

" On y va à votre foutue église Mercure ?"


Et espérons que j'y apprendrai quelque chose sur ton compte mon petit. Ensuite...nous verrons...

(J'ai supposé qu'en 2598, et suite aux nombreux cataclysme qu'a subit la population, qu'une partie de la culture avait été perdue et que le péquin moyen n'en connaissait plus grand chose. Si je me trompe dit le moi et je changerai le texte)



Diane, déesse de la chasse. Voyons que disait-on encore d’elle ? Ah ! Ca me revient, elle est grave, sévère, cruelle et même vindicative. Elle sévit sans pitié contre tous ceux qui ont provoqué son ressentiment. Un choix révélateur ? En tout cas c’est la première fois depuis bien longtemps qu’on me parle de la mythologie romaine, je serais curieux de savoir où elle en a entendu parler. Et Mercure ? Le messager, Dieu de l‘éloquence et de l’art de bien dire, il est aussi le Dieu des marchands et des voyageurs. Pourquoi pas ?

«Jouer franc jeu ? Mes paroles n’ont été teintées de nuls mensonges. Vous m’avez demandé de me présenter se que j’ai fait, et être plus juste dans mes propos me semble bien difficile. Mais va pour Mercure, le temps d’une nuit. »

Aghis invita d’un geste de la main la jeune femme à le suivre, alors qu’il se dirigeait vers les escaliers.

«L’église que je désire vous montrer est un peu loin d’ici, cependant j’en connais une toute proche, qui possède des peintures très représentatives. Vous verrez, c’est un lieu calme et paisible. »

Ce serra l’occasion de revoir le père Augustin. Il pourra m’aider pendant que Diane visitera les lieux. Une fois l’Ira Deorum prévenue, ils leurs faudra au maximum une demi-heure pour arriver, c’est jouable.

« Je ne sais pas si cela vous dit, mais les frères font un excellent grog. »

Aghis laissa passer devant lui Diane, lui tenant la porte de la cage des escaliers.

« Je n’aurai jamais crut rencontrer quelqu’un connaissant la mythologie, dans un lieu tel que celui-ci. »

Surtout une personne de votre condition, et à new-Babylone.

« Où avez-vous appris ce panthéon des dieux anciens ? »

[HRP: Non Non, je pensais la même chose.]

Diane, puisque c'était dorénavant son nom de scène, passa devant l'homme qui lui tenait la porte avec nonchalance. Elle se crispa juste un instant au moment où elle perdit le contact visuel de Mercure, celui-ci se retrouvant maintenant dans son dos.
C'est pourquoi mécaniquement elle se colla au mur et descendit de biais les escaliers, chose qui se révéla bien ardu étant donné la nature chaotique des marches.

« Je ne sais pas si cela vous dit, mais les frères font un excellent grog. »

Beuark du grog. Il manquerait plus que ça, boire avec des culs-saints du grog...

Mais Diane, à l'inverse de Dew, se devait d'aimer cette boisson. Où du moins c'est ce que pensait Dew. Elle répliqua donc, un sourire d'illuminée éclairant sa face:

"Et bien nous verrons cela. J'ai hâte d'y goûter"

Elle posait le pied sur une marche inclinée un chouya trop en avant lorsque Mercure enchaîna sur la mythologie romaine. Ce type se révélait aussi curieux que le diable en personne.
Elle s'arrêta sur le bloc de pierre incliné et dévisagea l'homme. Soudain elle était devenue plus sérieuse, plus grave. Elle sentit en elle l'odeur de la haine refaire surface. Elle revit ce vieil enfoiré qui lui avait tenu de père, ou plutôt avait tenu de père à Dahlia.

"Mon Père (elle faillit dire notre père) était du genre influent et très puissant. Ce qui s'accompagnait d'une certaine richesse, et donc d'un certain savoir culturel. Et il avait une drôle de manière de me le faire partager..."

Elle songeait avec une vague tristesse à ces soirées où Dahlia, plongée dans la nuit de sa chambre-prison, sous le halo de sa lampe de chevet dévorait les livres et romans que son père conservait jalousement. La jeune fille admirait alors les aventures de ces héros qui parvenaient à briser leurs chaînes, à aller de l'avant, à briser leurs ennemis par leur force d'esprit ou physique.

Aujourd'hui, c'était Dew qui dominait, qui dictait ses règles. La chétive petite fille enfermée avait laissé la place.

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Ils débouchèrent de la petite tour. Un vent sec fouetta le visage de Dew. Elle avait conservé un silence sentencieux durant toute le descente. Elle sembla enfin s'éveiller à nouveau et se tourna à demi vers "Mercure".

"Bien, je vous suis maintenant."

Aghis remarqua avec amusement de quelle manière Diane descendait les escaliers, comme si elle avait peur qu’on la poussa ou d’un autre coup sournois. Puis elle s’arrêta et le dévisagea, son visage empreint d’un air grave.

"Mon Père était du genre influent et très puissant. Ce qui s'accompagnait d'une certaine richesse, et donc d'un certain savoir culturel. Et il avait une drôle de manière de me le faire partager..."

Aghis regarda d’un air sceptique l’accoutrement de la jeune femme.

Une certaine richesse ? Un homme important ? Soit cette petite a honte de son passé et me sert des bobards, soit la fille n’a pas suivis le chemin du paternel et est tombée bien bas, ou alors….

« Et que faisait-il ? N’avez-vous pas repris l’affaire ? »

Sur ces mots, ils sortirent enfin de bâtiment en ruine pour se retrouver dans une allée qui ne semblait pas en meilleur état. Alors que sa compagne se laissa bercer par le vent, Aghis en profita pour sortir son plan et essayer de se localiser.

"Bien, je vous suis maintenant."

Aghis se retourna vers Diane, cette dernière attendait qu’il la guide dans le dédale de ruelles. Après un dernier coup d’œil sur le plan, il indiqua une allée ou la peinture jonchait bien plus le sol que ne recouvrait les murs.

« Par ici »

Sa fait bien longtemps que je ne suis plus revenu par ici et cette foutue carte qui ne m’aide pas beaucoup ! J’espère que j’arriverai à reconnaître le chemin, sinon on pourrait tourner en rond pendant des heures et je risque de la perdre. Bon je suis à peut près sur que c’est par là, mais où exactement ?

« Dans le panthéon, Diane avait une sœur, est le cas aussi pour vous ? »

Trouve vite une solution, sinon elle remarquera tôt ou tard que tu ne sais pas où tu vas.

Ils passaient le pas de la porte quand l'homme risqua une nouvelle question.

« Et que faisait-il ? N’avez-vous pas repris l’affaire ? »

Cette fois, la question n'amusa absolument pas Dew. Une colère sourde enfla en elle comme un torrent, qu'elle ne clama que par un effort surhumain. Il n'était pas l'heure de se laisser aller, tout du moins pas encore. Elle voulait savoir d'où venait Mercure et la raison de sa venue dans Neo-Babylone.

"Il passait le plus clair de son temps à torturer les autres. Il était spécialiste en la matière. Un foutu connard."


Elle ignora avec superbe le reste de la question. Elle ne pouvait pas répondre, cela aurait été une trop grande information, trop précieuse.


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Depuis un long moment Dew suivait Mercure avec un amusement croissant. Il semblait foutrement perdu. Ils étaient passé trois fois devant la même maison en ruine sans qu'il ne le remarqua. Elle feinta de ne rien voir, et continua de le suivre avec docilité.

Alors comme ça on est perdu...

L'homme, au désespoir, tenta une échappée par la discussion (comme si elle n'avait rien remarqué de sa confusion).

« Dans le panthéon, Diane avait une sœur, est-ce le cas aussi pour vous ? »

Elle réfléchit un instant à ce qu'elle pourrait lui servir, se gratta la tête et bailla.

"On peut dire que j'ai une soeur spirituelle. Mais au lieu de me poser ce genre de questions, vous feriez mieux de vérifier sur votre carte où nous sommes..."


Elle ne vit pas si la confusion se peignait sur le visage de son interlocuteur, mais savoura cet instant avec un sadisme évident. Elle en profita pour enfoncer le clou.

"Pour quelqu'un qui est parvenu à me trouver en plein coeur de Néo-Babylone perchée sur ma tour vous connaissez bien peu les lieux..."

Dew attendit que le vent passe en un long sifflement avant de reprendre, le regard planté dans celui de Mercure, les sourcils fronçés.

"D'où venez-vous exactement "Mercure"?"

"On peut dire que j'ai une soeur spirituelle. Mais au lieu de me poser ce genre de questions, vous feriez mieux de vérifier sur votre carte où nous sommes..."

Aghis sourit pour lui-même ; effectivement, il s’était perdu. La carte dans sa poche ne lui servirait pas à grand-chose, elle n’indiquait que le chemin menant à la tour de « Diane ».

"Pour quelqu'un qui est parvenu à me trouver en plein coeur de Néo-Babylone perchée sur ma tour vous connaissez bien peu les lieux..."

Ils s’étaient arrêtés à l’embranchement avec deux autres ruelles, toutes identiques pour lui.

Elle devient curieuse, trouve quelque chose à répondre ou apprête toi à lui dire au revoir. Elle revient chaque pleine lune à sa tour, tu ne devrais pas avoir trop de mal à la retrouver.

"D'où venez-vous exactement "Mercure"?"

Aghis fixa son interlocutrice qui semblait bien décidée à recevoir des réponses.

« Disons que je viens d’un des hauts lieux d’Espyr et il est vrai que je ne connais pas aussi bien que vous New-Babylone. Je poursuis, avec quelques collaborateurs, un rêve. Mais nous manquions d’inspiration et j’ai eu vent qu’une apparition venait les nuits de pleine lune sur cette tour. On m’a aussi parlé qu’elle y venait pleurer un amour déçu, ou qu’elle revenait à la tour où on l’avait assassiné. Bref ces rumeurs nous on grandement intéressés et je suis descendu dans ces quartiers pour voir ce qu’il en était. Vous savez, vous pourriez être comme notre muse si vous acceptez. Notre projet est certes ambitieux, mais je suis sûr qu’avec l’inspiration que vous nous apporteriez, nous y arriverons. »

Dit plus tôt avec les réponses qu’elle apportera. Une histoire un peu classique, je dois commencer à me rouiller, j’aurais put sortir un mensonge mieux ficelé. D’un autre côté cette Diane est imprévisible. Je suis prêt à parier qu’elle serait encore prête à accepter, sachant que je mens, pour savoir où cela la mènerait.

Aghis observa attentivement le visage de la jeune femme, cherchant à voir si sa tirade l’avait convaincue ou non.

Mis à part les deux premières phrases de l'homme, le reste n'était sans doute que du bidon. Du bi-don. Elle s'amusa beaucoup de ces inventions de légendes urbaines. Bref, elle n'en croyait pas un mot.

"Des rumeurs? Vous vous intéressez à des rumeurs!"

Ce n'était pas une question mais une simple exclamation où l'envie de rire pointait déjà. Mercure cherchait encore une fois à la flatter par de longues phrases relevées. "amour déçu" lui avait juste donné envie de pouffer.

Ce type est d'une drôlerie...

Mais Dew commençait à s'impatienter. Depuis un bon moment il cherchait sans trouver cette fameuse église et la soirée allait bientôt toucher à sa fin. Le ciel n'était plus aussi sombre, et la lune, si haute auparavant gisait entre les silhouettes des immeubles, prête à raser le ciel.
Avec le joue, elle devrait rentrer à la Grotte, retrouver Donald, donner des ordres, aller zigouiller du monde, et tout ça sans avoir vu ce pourquoi elle avait suivi l'homme. Ce qui la faisait rager.

Cette église n'est qu'un prétexte pour que je le suive...ce qu'il veut faire de moi à l'air diablement plus rigolo. Je devrais lui donner un coup de pouce ou dans dix minutes je lui tranche la gorge...

"Quel est le nom de cette église dont la beauté incomparable ravirait mon coeur? Peut-être que je connais...je pourrais vous y emmener."

Elle observait la nuit qui mourrait peu à peu. Elle avait ignoré jusqu'à présent la question de Mercure. Elle se gratta la tête et ferma les yeux. Elle poussa un long soupire.

"Et qui sait...peut-être qu'effectivement je pourrais devenir votre muse..."